Wiki Parodies et Fanfictions
Advertisement
Wiki Parodies et Fanfictions

Fanfiction par @Mwolf458-26-243

Tome 4 : Les Invisibles[]

Partie 1 []

Sophie se massa les tempes. Il n’y avait aucun échappatoire. Pourquoi donc les Invisible étaient-t-ils à Florence ? On entendit au loin un cri d’épouvante. Puis, soudain, tout devint noir. A l’endroit où étaient Keefe, Fitz, Biana, Dex et Sophie, les ombres se dissipèrent et la jeune fille qu’avait croisé Sophie à Exil apparu. Elle était toujours aussi belle, et, vu la tête de Keefe, il l’avait remarqué. D’un signe de tête, elle les incita à les suivre. Ils coururent derrière elle. Arrivés dans un couloir, Ruy forma un champ de force autour d’eux. Leur mystérieuse sauveuse agita ses mains vers le bas et des lianes faites avec les ombres du couloir se matérialisèrent. Elles s’infiltrèrent dans le champ de force pour former une espèce de réseau veineux. La jeune fille cessa et écarta ses pieds. Le champ de force vola en éclat, laissant les lianes d’ombre en l’air. Elles se dirigèrent grâce à un mouvement de bras sur Ruy et le plaquèrent contre le mur. Ébahis, les amis se regardèrent avant de se rendre compte que la Ténébreuse avait disparu. Ils se précipitèrent dans le dédale en pierre et trouvèrent la sortie avec la jeune fille. Elle leur tendit un éclaireur.

- Prenez-le. Une fois arrivés, Forkle doit venir vous récupérer. Attendez-le. Je vous rejoins dans        

cinq minutes.»

Elle traversa les ombres et entra dans le couloir. Elle avait disparu. Les cinq amis se regardèrent.

- Que fait-on ? s’enquit Biana

- Et bien, sachant qu’elle connait M.Forkle, on peut lui faire confiance, non ? remarqua son frère.

- Je suis de cet avis, acquiesça Keefe.

Cependant, Sophie avait la certitude que ce n’était pas pour cela qu’il allait faire confiance à la Ténébreuse. La beauté de la jeune elfe était telle que la Télépathe se demandait si elle était réelle.

- De toute façon, on n’a pas le choix, dit Dex.

Ils approuvèrent et après un saut lumineux, ils se retrouvèrent dans une clairière. Au bout de trois minutes, l’ancien voisin de Sophie apparu.

- Vous les gamins, vous savez vous mettre dans de ces pétrins ! maugréa-t-il.

- Nous aussi, on est content de vous voir, s’exclama Keefe, la voix dégoulinante de sarcasme.

- Où est Tenebra ?dit-il en ignorant le jeune homme et regardant aux alentours.

- Qui ça ? demanda Sophie, perplexe.

- La jeune fille à la peau mate et aux cheveux frisés et noirs qui vous a sauvé.

- Oh, celle-là. Elle nous a dit qu’elle nous rejoignait dans cinq minutes.

- Très bien. Alors nous allons l’attendre.

Il s’en suivit un silence d’environ trente secondes avant qu’apparaisse la dénommée Tenebra, même si Sophie et ses amis doutaient fort que ce soit son vrai prénom. Et c’est à ce moment-là que Sophie put voir entièrement son visage.

Elle avait des cheveux frisés avec une frange qui cachait son front. Jamais auparavant la Télépathe n’avait vu des cheveux pareils. Noirs, brillants et ébouriffés, ils étaient magnifiques. Rien à voir avec ses cheveux ra

Zw1

Imaginez Wylie comme ça :

ides et ternes et, pour la première fois depuis longtemps, Sophie enviait ce qu’elle ne pouvait pas avoir.  Ses yeux étaient magnifiques, noirs et violets à la fois. Ils étaient cependant soulignés par des cernes énormes, qui n’avaient pas été apparemment jugées dignes d’intérêt, comme si la Ténébreuse n’attachait pas d’importance à son physique et aux regards des autres, ce qui pour Sophie était très humble. Quand elle croisa son regard, elle vit une infinie tristesse dans ses yeux, comme si la lumière que chacun avait dans les yeux, comme une sorte de preuve que la personne est vivante n’était plus là depuis longtemps. Sophie décida de creuser ce détail plus tard. Tenebra était plus grande qu’elle mais plus petite que Keefe et Fitz. Elle avait une taille fine, se tenait droite et marchait la tête haute.

Partie 2 []

[Arrivée à Alluveterre] [Deux semaines se sont passées sans que les amis n’entament de conversation avec Tenebra] [Déclaration du sauvetage de Prentice]

«- Alors comme ça, tu pourrais soigner un esprit brisé ? demanda Tenebra.

- Je crois que oui.

- Ça nous aiderait grandement. Pa… je veux dire Prentice pourrait nous aider à coincer les Invisibles.

- Tu allais dire quoi ? s’enquit Fitz.

- Comment ça ?

- Pa… tu allais appeler Prentice comment ?

- Oh, c’est juste son nom de code. Paris. Je ne sais pas où il l’a trouvé mais… Enfin bref, je ne sais même pas pourquoi je vous ai dit ça, je n’ai pas à me justifier sur ce que je dis, termina-t-elle en s’en allant.

- Sophie ? toqua Fitz au seuil de la porte de la chambre de cette dernière. Je peux entrer ?

- Oui, bien sûr.

Fitz s’exécuta et s’assit sur le lit de son amie.

- Tu ne trouves pas cette Tenebra un peu louche ?

- Si, enfin, comme un peu tout le monde ici, non ?

- Oui, je te l’accorde, mais là… J’ai peut-être trouvé qui c’était.

- À oui ? Et elle s’appellerait comment ?

- Je voudrais réunir tout le monde pour lui dire que l’on sait, maintenant. Comme ça, elle sera obligée de l’avouer.

- Je ne crois pas que ce soit sympa. Si elle essaie de cacher son identité, il doit bien avoir une raison.

- Oui, et une bonne, qui plus est. Allez, dit oui, implora le Télépathe.

- D’accord, dit la jeune fille, résignée.

Partie 3[]

[Salle comune] [Dex, Biana, Fitz, Keefe, Sophie et Ténébra sont présents]

- Qu’est ce qu’il y a ? Je n’ai pas du temps libre, je devrai déjà être en mission, râla la Ténébreuse.

- Je sais qui tu es.

La jeune fille plissa les yeux. 

- Alors dis-le.

- Tu t’appelles Wylie. Wylie Endal. Fille de Prentice et de Cyrah Endal.

- Quoi ?! sursauta Keefe tellement fort qu’il tomba de son pouf. T’es tombé sur la tête ou quoi ? Wylie est un garçon ! Pas vrai ? demanda-t-il en se retournant vers la jeune fille.

- Il a raison, soupira-t-elle.

Tout le monde se regarda d’un air ahuri. Granite apparut.

- Euh…

- Tu peux dire Wylie, ils savent maintenant.

- Oh, d’accord. Tu peux venir ? Il faudrait que tu y aille : Forkle est sur les nerfs : il voudrait ton rapport avant demain.

- J’y vais, acquiesça la nommée Wylie, puis, se tournant vers Fitz et les autres, dit : On en reparlera.

[Une semaine plus tard] [Les cinq amis n’ont pas vu Wylie depuis que Fitz lui a annoncé qu’il savait sa véritable identité]

Quand elle ouvrit la porte de sa chambre, Wylie se retrouva nez à nez avec Fitz et Keefe.

- On pourrait te parler ? s’enquit Keefe.

- Bien sûr, répondit Wylie en se décalant pour les laisser passer.

- Oh, on ne voudrait pas te déranger, on peut rester ici, dit Fitz, gêné de rentrer dans la chambre de quelqu’un qu’il connaissait à peine.

- Vous n’allez pas rester ici comme des idiots devant ma porte, si ? Entrez, aller.

Les deux jeunes hommes rentrèrent. Ils remarquèrent qu’il n’y avait aucune décoration personnelle, à part des plans, des schémas de techniques de combat ou des listes interminables de noms.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda Keefe.

- Pas vos affaires, dit simplement Wylie en déployant son bras.

Un voile fin fait d’ombre tapissa les murs de sorte à ce que l’on ne pouvait voir ce qui il y était accroché.

- Alors ?

- Euh… je suis désolé d’avoir dévoilé ton identité et… je… j’essaierai de me racheter, bredouilla Fitz.

La Ténébreuse éclata de rire. Keefe et son ami échangèrent un regard perplexe. [1] - Oh, vous êtes vraiment des idiots, dit-elle en essuyant ses yeux. Tu n’as pas à te racheter ! J’aurai dut vous dire qui j’étais depuis le début !

- Mais… pourquoi est-ce que tu rigoles ?

- Vous devriez voir vos têtes ! On dirait que vous êtes condamnés à la pendaison ! Je ne vais pas vous manger ! dit-elle, le sourire aux lèvres.

- Tu es un peu intimidante, et ton talent est impressionnant, alors… commença Fitz.

- C’est lui qui a peur de toi, pas moi ! se défendit Keefe.

Quand ils sortirent de la chambre de Wylie, ils avaient les larmes aux yeux, tant ils avaient rigolé avec elle.

- T’as vu, ce n’était pas si horrible, dit Keefe en lui donnant un coup de coude taquin.

- Oui, c’est bon, j’ai eu peur pour rien, t’es content ? répondit Fitz en levant les yeux au ciel.

Keefe trouva Wylie sous l'ombre d'un arbre dans le jardin d'Alluveterre. Elle avait les yeux fermés. Il s’assit à côté d’elle et elle ouvrit les yeux.

- Salut.

- Salut. Dis-moi, comment as-tu intégré le Cygne Noir ? demanda Keefe.

- À la mort de ma mère, Forkle est venu me voir en me disant que si je le rejoignais, on pourrait peut-être sauver mon père. Alors j’ai dit oui. Normalement, ça aurait dut être Kenric qui devait me loger chez lui mais il avait décidé que c’était trop dangereux pour moi, avec les Conseillers qui voulaient absolument savoir ce que faisait mon père pour le Cygne Noir.

- Pourquoi Kenric ? s’étonna Keefe.

- C’était le meilleur ami de

mon père. Ils étaient camarades de classe à Foxfire. [2] Ils continuèrent à parler, réagissant aux

histoires de l’autre. Keefe lui racontait les bêtises qu’il avait faites pour piéger son père, Wylie, elle, partageait ses souvenirs où elle ne maitrisait pas son talent, comme la fois où elle avait accroché au plafond Forkle. Ils riaient, encore et encore, jusqu’à ce qu’Edaline appelle Wylie pour manger. Keefe rentra chez lui heureux, et aucune des remarques désagréables de ses parents ne parvinrent à le mettre de mauvaise humeur. Car il avait une nouvelle amie. Et qui sait, peut-être qu’ils pourraient aller plus loin…

Partie 4[]

[Keefe et Wylie se retrouvèrent à l’ombre des branches de l’arbre où ils étaient la veille, comme l’avait demandé la jeune fille.]

- Alors ? Pourquoi m’as-tu appelé ? demanda Keefe.

- J’ai... c’était mon tour de ronde aujourd’hui et… et bien… je… un gnome m’a dit que… buta Wylie sur chaque mot.

Keefe fronça les sourcils. Wylie n’était pas du genre à contourner le sujet de discussion en prenant des pincettes.

- Donc… ?

Wylie déglutit avec difficulté.

- Je… un gnome qui faisait la ronde avec moi s’est un peu éloigné pour faire ses besoins et il a vu… ta mère, Keefe, dit la jeune fille. [Elle raconte la scène où Lady Gisela se fait laissée pour morte]

- C’est bien fait pour elle, dit Keefe, la mâchoire serrée.

- Keefe, c’est ta mère. Tu ne dois pas bloquer tes sentiments, il faut les expulser.

- Elle le méritait, je ne suis que content de son sort.

- Alors pourquoi pleures-tu ? demanda Wylie avec douceur en recueillant une larme qui coulait sur la joue de son ami. 

Elle lui prit doucement les épaules et le serra contre lui. Il pleura, encore et encore. Wylie le laissa expulser son chagrin, car elle savait qu’il ne pouvait rien faire d’autre. Elle était déjà passée par là. Elle savait ce que cela faisait. Au bout d’un moment, elle prit son visage entre ses mains. Il avait les yeux rouges.

- Comment est-ce que tu as fait ? questionna Keefe en ravalant ses larmes.

- J’ai pleuré. Jusqu’à ce que je ne puisse plus pleurer. Et quelqu’un m’a ouvert ses bras. Et maintenant, c’est moi qui t’ouvre mes bras. Ne reste pas seul. Ne contient pas ton chagrin. Expulse-le et tu te sentiras beaucoup mieux. On trouvera celui qui a fait ça. Et il paierait, d’accord ?

Keefe acquiesça. Wylie l’aida à se relever et ils allèrent annoncer au Comité que Lady Gisela était morte.  

- Il va bien ? demanda Forkle tandis que Wylie sortait de sa chambre.

- Non, soupira Wylie. Il m’a dit qu’il se rappelait de quelque chose qui pourrait nous aider mais c’est trop flou pour le moment. Il m’a demandé si je connaissais un Télépathe qui était spécialiste dans la recherche de souvenir. Est-ce que Kenric pourrait venir ?

- As-tu confiance en lui ? Je veux dire par là qu’il ne nous dénoncera pas si il vient ici ?

- J’ai totale confiance en lui. Je vais lui demander.  

Elle s’isola au bout du couloir et le hella. Le visage bienveillant et jovial qu Conseiller roux apparut.

- Bonjour Wylie ! Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vue ! Tu as l’air d’avoir grandi ! Quelle remarque idiote ! Évidemment que tu as grandi, la dernière fois que je t’ai vue, tu avais quoi, huit ans ? Alors, comment vas-tu ?

- Je vais bien, merci Kenric, sourit Wylie, mais ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.

- Qui ça ? s’enquit le Conseiller, les sourcils froncés de perplexité. - Connais-tu Lord Cassius ?

- Oh oui, quelle vrai teigne, celui-là !

- Oui, je te le confirme, rigola Wylie. [Elle retrouva sa mine sérieuse et lui expliqua la mort de Lady Gisela, l’impossibilité pour Keefe de retrouver ses souvenirs cachés.] Pourrais-tu l’aider ?

- Je décèle quelque chose dans ton regard qui me dit que tu ne m’as pas tout dit. Serais-tu amoureuse, ma petite Wylie ? demanda Kenric, un sourire en coin sur son visage.

- Je… ne… enfin tu…

- Je te taquine, ma petite. Je ferai tout pour l’aider.

- Es-tu contre le Cygne Noir ? demanda soudain Wylie.

- Et bien je… je sais qu’il t’a protégée et t’a aidée à grandir et à continuer ta vie comme tu l’entendais alors… non. Je suis reconnaissant de tout mon cœur au Cygne Noir d’avoir veillé sur toi.

- Alors, où est ce que l’on se retrouve, et quand ?

- Demain, chez moi, cela te vas ?

- Tu es libre demain ? s’étonna Wylie.

- Je décalerai mes rendez-vous. Je ferai tout ce que veut ma Ténébreuse préférée.

- Je suis la seule que tu connaisses, dit Wylie en rigolant.

- C’est vrai, concéda-t-il. Alors, à neuf demain matin ?

- Il y a un autre problème : comment veux-tu que je vienne ? Je suis recherchée par le Conseil depuis mes trois ans et tu me demandes de venir frapper devant chez toi ? dit Wylie, la voix dégoulinante de sarcasme.

- J’ai cru comprendre que tu savais te téléporter avec les ombres, non ?

- Comment tu… Mais même si je le peux, je n’ai jamais téléporté quelqu’un avec moi !

- As-tu une autre solution ?

Cette fois-ci, ce fut Wylie de lui concéder que le Conseiller avait raison.

- Voilà qui règle la question. Alors, à demain, Wylie ?

- Oui, à demain, Kenric. Et merci.

- C’était qui ? demanda Keefe qui venait juste d’arriver derrière son dos.

Wylie sursauta. [Elle lui expliqua la conversation.]

- Tu ne pouvais pas me demander mon avis ?    

- Si… je suis désolée mais je… 

- Ce n’est pas grave. Merci de t’inquiéter pour moi. On va devoir s’entrainer à se téléporter, alors ?

- Oui, et ça promet.

Keefe sourit et prit la main de Wylie.

- Si on a du travail, commençons maintenant.

Partie 5[]

[Le lendemain, après avoir fait des entrainements toute la journée d’hier, Wylie et Keefe étaient prêts.]  

Ils se donnèrent les mains et Keefe se concentra sur la puissance des ténèbres que Wylie lui influait. Deux secondes plus tard, ils se retrouvèrent chez Kenric. Le Conseiller les accueilli et fit assoir Keefe sur une chaise.

- Cela va être un peu déstabilisant, tu ferai mieux de lui tenir la main, Wylie.

La Ténébreuse entrelaça ses doigts avec ceux de Keefe et les serra.

- Alors, Keefe, pour trouver ton souvenir et que pour que j’arrive à l’éclaircir, il faut que tu le vois en boucle dans ta tête. Ensuite tu dois imaginer une boite. Tu y es ?

- Oui, c’est bon.

- Très bien. Maintenant, mets ce souvenir dans la boite.

- C’est fait.

- Bien. Maintenant, silence.

- Est-ce que Wylie peut le voir en même temps que nous ? demanda Keefe.

- Bien sûr. Wylie, ouvre ton esprit, s’il te plaît.

- D’accord. C’est bon ?

- Oui, allons-y.

[Souvenir où la mère de Keefe l’emmène à Nocturna.]

- Je vais vous laisser seuls. Venez me cherchez quand vous aurez fini.

Wylie s’assit à côté de Keefe.

- Ca va aller ? demanda-t-elle, la gorge nouée.

- Oui. Mais je n’ai pas besoin de ta pitié, Wylie. Je la sens puissance dix mille.

- C’est de la compassion, Keefe, pas de la pitié. Tu veux que je te laisse seul ? dit-elle en se levant.

- Non, reste. S’il te plaît, ajouta-t-il.

Wylie de s’assit à nouveau à côté de lui. Elle le serra contre elle et, doucement, il pleura. Au bout de quelques minutes, voyant que le plus gros des larmes était passé, Kenric apparu et dit :

- Je suis désolé, Keefe. J’espère que vous irez mieux. Je vais devoir y aller. Prenez soin de vous, dit-il en prenant Wylie dans ses bras.

La jeune fille lui rendit son étreinte.

- À bientôt, ma Wylie. Il se détacha d’elle et dit à Keefe à voix basse de sorte à ce que Wylie ne l’entende pas : Prenez soin d’elle, elle est tout ce qu’il me reste.

- Bien sûr, Monsieur, et merci.

[Arrivée à Alluveterre][Le Comité, Médoc, Sophie, Della, Fitz Dex et Biana sont présents]

- Ah ! Vous êtes là. Comment ça s’est passé ? demanda Dex. Puis, voyant la tête de la Ténébreuse mais surtout celle de l’Empathe, il se ravisa : Ah non, en fait, j’ai pas envie de savoir.

- C’était vraiment si horrible ? s’inquiéta Biana.

- On a des têtes si horribles que ça ? soupira Wylie.

- Nous en parlerons plus tard, les interrompit Forkle.[Il annonce que le Conseil demande à Sophie de soigner Fintan.] Puis, il se tourna vers Wylie : Même si tu a été bannie, ils voudraient que tu sois présente pour empêcher Fintan de détruire Oblivimyre.

Keefe et les autres ne savaient pas ce qui était le plus horrible entre le fait que Wylie ai été bannie, que Fintan pourrait détruire Oblivimyre ou que la Ténébreuse pourrait livrer combat contre lui. Wylie avait bien compris l’inquiétude de ses amis et dit :

- Ne vous inquiétez pas, tout sera sous contrôle.

Partie 6[]

[Arrivée à Oblivimyre.]

- Tu penses y arriver ? demanda Wylie.

- Oui… enfin, croisons les doigts, répondit Sophie.

Elle s’avança vers Fintan. Aucun erreur n’était permise. Wylie enveloppa d’un voile sombre Fintan en laissant un minuscule espace pour que la mémoire de Sophie puisse entrer. Elle en forma ensuite un autre, cette fois-ci sans faille, et beaucoup plus épais autour des Conseillers (exepté Kenric, qui surveillait l’extérieur de la tour) et de ses amis. Ils avaient été autorisés à venir pacifiquement, bien que le Conseil ai été divisé par ce choix, surtout concernant la jeune Endal. Pourtant, sachant bien qu’elle était la seule à pouvoir les protéger et gagner contre Fintan si elle devait l’affronter, ils avaient coupés court aux protestations pour accepter la venue de la jeune fille. Wylie fit un dernier voile autour d’Oblivimyre.

- Tu peux commencer, annonça-t-elle à Sophie.

[Sophie guéri Fintan.] [Il se réveille.]

Fintan invoqua le Grand Brasier. D’une seconde à l’autre, tout pouvait exploser. D’un geste rapide, Wylie propulsa Sophie dans le voile protecteur autour des Conseillers et le grossi tellement qu’ils ne voyaient que les silhouettes floues de la Ténébreuse et du Pyrokynésiste. Celui-ci envoya une boule de feu aussi massive qu’un gobelin. Wylie l’esquiva de quelques centimètres. Elle lança une ombre à la manière d’un jais d’eau et Fintan de même. Lorsque feu et ténèbres se rencontrèrent, il y eu une énorme explosion si puissante que la tour s’effondra. Le Conseil et Sophie et ses amis, protégés par le champs de force créé par Wylie n’eurent aucune égratignure et ils retombèrent en flottant. L’enveloppe ténébreuse se brisa en mille morceaux.

- Oh non, dit Forkle, la gorge nouée.

Keefe se redressa. Si l’enveloppe n’avait pas été maintenue, c’est que celui qui l’avait créée…

- Wylie ! hurla Keef à s’en déchirer les poumons. WYLIE !!!

Puis il la vit. Il se précipita et la redressa en mettant sa tête sur son épaule. Son visage était couvert de sang à cause d’une coupure au niveau de la tempe. Keefe eu un haut-le-cœur quand il vit une ouverture large de deux centimètres et  longue d’une dizaine de centimètres au niveau de ses côtes. Il pressa la plaie d’une main et redressa son amie de l’autre.  Elle ouvrit les yeux et fit une grimace.

- Keefe… où est Kenric ? Je ne l’ai pas… il n’avait pas de…

L’estomac de Keefe se noua. Kenric n’avait pas été protégé quand Oblivimyre s’était effondré.

- Kenric ! Cherchez le Conseiller Kenric !!! cria-t-il au Conseil et à ses amis.

Mais tous savaient déjà la réponse. Wylie gémit de douleur, les larmes aux yeux. Keefe passa un bras sous sa tête et un bras sous ses genoux.

- On va aller voir Médoc. (Puis, s’adressant à Forkle : ) Je peux avoir votre éclaireur ?

- Vous n’allez pas réussir à sauter avec elle, elle ne voudra jamais…

- Wylie, pour t’emmener à Aluvetterre, il faut sauter.

- Non ! Pas de saut… jamais…, sanglota Wylie, je ne veux pas… je ne peux pas… où est Kenric ? Je veux le voir ! Où est Kenric ? demanda-t-elle en s’accrochant avec force au col du jeune Empathe.

- Wylie, ça va aller, chut… murmura Keefe.

Wylie se leva d’un saut et se précipita là où le Conseiller était. Elle trouva son diadème, ensanglanté. Elle ferma les yeux. Rien aurait dût se passer ainsi. Rien. Keefe accouru à elle, mais juste avant qu’il ne l’atteigne, elle se téléporta.

- Vous avez une idée d’où est-elle allée ? demanda-t-il à Forkle.

Ce fut Oralie qui lui répondit :

- À Elpidania. Chez ses parents. 

[Nouveau chapitre.] [Keefe et Forkle sont à Elpidania.]

- Allez la chercher. Elle est soit au deuxième étage, dans sa chambre, ou au cinquième, dans celle de ses parents.

Keefe acquiesça et monta les escaliers. Il ouvrit la porte du deuxième étage. Parfois, lorsqu’un lieu a abrité beaucoup d’émotions, les Empathes peuvent la sentir. Keefe reçu beaucoup d’émotions. De la tristesse. De la joie. De la colère. Du regret. Mais pourquoi le regret ? Il décida de lui demander plus tard. Il entra. Toute la chambre était décorée par des tons bleus, verts et violets pastel. Sur le lit était posé un pyjama violet, qui était si minuscule que Keefe ne pourrait même pas rentrer sa jambe entièrement dedans. Il y avait une peluche en forme de loup noir aux yeux violets, comme ceux de sa propriétaire. Il la saisit et monta au cinquième étage. Le jeune Empathe trouva Wylie recroquevillée, la tête dans ses genoux, contre la fenêtre qui donnait au balcon.

- Wylie ?

La jeune fille releva sa tête. Ses yeux étaient rougis et humides. Elle avait déchiré sa cape pour comprimer ses plaies. Keefe s’assit à côté d’elle, passa un bras autour de ses épaules et lui prit les mains de l’autre. Ils entrelacèrent leurs doigts et Keefe les serra forts jusqu’à blanchir ses phalanges. Ils restèrent un long moment en silence, sans rien dire.  Keefe lui tendit la peluche qu’il avait trouvée dans sa chambre.

- Que dis-tu de l’appeler Monsieur Câlin Junior ? demanda-t-il en un sourire.

- Où l’as-tu trouvé ? s’enquit la jeune fille.

- Sur ton lit. Avec une combinaison violette. Elle est riquiqui.

Wylie essaya de rigoler mais elle ne parvint qu’à faire un étrange sanglot.

- Ça fait bien longtemps que je n’avais pas entendu ce mot. Ma mère me le disait souvent…

Sa gorge s’était serrée à « mère ». Elle ravala ses larmes.

- Tu crois que j’aurais pu l’aider ? Kenric m’a toujours soutenu, et moi, je ne l’ai même pas protégé…

- Ce n’est en aucun cas ta faute. Tout est la faute de Fintan.

- Mais j’aurai pu…

- Wylie, on ne peut rien y changer. Kenric est mort, et rien ne pourra y changer.

- Tu as raison, dit-elle en séchant ses larmes.

-  Il faut qu’on y aille. (Il se leva et tendit sa main à la Ténébreuse.) Tu viens ?

- Non, attends. Je veux récupérer des affaires. Tu peux m’aider ?

- Oui, allons-y.

Wylie prit la main tendue de son ami et ils descendirent tous les deux au deuxième étage. Wylie rassembla ses albums photos et les fourra dans un sac. Elle alla dans sa penderie et fouilla jusqu’à trouver un grand carton. Elle l’ouvrit son l’œil inquisiteur de Keefe. C’était une tunique violette, qui s’accordait parfaitement à ses yeux. Elle la plia délicatement et la mit sous les albums. Elle fit de même avec un autre carton plus grand encore. C’était la robe la plus jolie que Keefe ai jamais vu, malgré les années passées chez les Vacker. C’était une robe blanche avec une dentelle très fine violette, elle aussi accordée avec ses yeux.

- À qui c’était ? demanda Keefe.

- À ma mère. C’était sa robe de mariage. Et l’autre, c’est la tunique qu’elle portait à tous mes anniversaires. Enfin, à mes un, deux et trois ans. Elle m’a dit que devrait les porter pour les mêmes occasions, et ensuite, les donner à ma fille quand elle ira se marier. C’est son arrière-grand-mère qui a porté en premier cette robe. Je ne veux plus revenir ici. Il faut que je ramène tout ce que je veux garder à Alluveterre. Dans le tiroir du milieu de la coiffeuse, là-bas, il y a un collier. Dans une boite. Tu peux aller me la chercher ?

- Bien sûr.

Cinq minutes plus tard, Wylie revenait avec ses affaires, suivie par Keefe. Forkle était déjà parti.

- A tout de suite.

Keefe lui attrapa le bras.

- Attends. Wylie, tu pousses sans cesse tes limites, je t’ai vu t’entrainer. Tu es des fois tellement à bout de force que Calla t’amène ton diner. Alors maintenant, il faut que tu t’entraines à faire des sauts lumineux.

- Hors de question.

- Pour moi, dit Keefe en lui tendant la main.

Wylie se mordilla la lèvre et, après quelques secondes d’hésitation prit sa main. Et, ensemble, ils franchirent le rai lumineux.

Partie 7[]

  

[Arrivée à Alluveterre. Elwin soigne Wylie. Tout le monde va se coucher.]

Des cris. Des pleurs. Des supplications. Des sourires tristes. Du désespoir. De la colère. Tout comme des flashs. Wylie se réveille en sursaut. Tout comme Keefe, qui est dans sa chambre. Les émotions qu’il a ressenties sont si fortes qu’elles l’avaient réveillé. Il se leva et alla dans la chambre de Wylie, guidé par les émotions qui s’atténuent peu à peu. Il s’adosse à l’encadrement de la porte.

- J’ai senti tes émotions alors que je dormais à points fermés. C’est une première, dit-il en rigolant.

Jusque-là, il n’avait pas identifié les émotions en elles-mêmes. Mais quand il les ressenti, il fronça les sourcils. Il alluma la lumière et vit une Wylie trempée de sueur et de larmes.

- Tu vas bien ? Parce que vu ta tête…

- J’ai juste fait un cauchemar, dit-elle en détournant  les yeux.

- Avec des émotions aussi fortes ? Je ne crois pas, non.

- Je crois que… que quand j’ai sauté avec toi, ça m’a déclenché un souvenir que j’avais oublié… et…

- Qu’est-ce que tu as vu, Wylie ? demanda Keefe en s’asseyant sur le lit de la Ténébreuse.

Il prit lui prit ses mains. Elles étaient gelées.

- Je… J’ai revécu le moment où ma… ma mè… ma mère mourait et… je sais comment elle…

- Tu as vu qui a l’a déconcentrée ? C’était qui, Wylie ?

- Personne ne l’a déconcentrée, c’est… c’est moi qui… J’ai tué ma mère, murmura-t-elle en cachant son visage des mains.

- Quoi ? Mais Wylie, comment aurais-tu pu la déconcentrer ?

- Je ne l’ai… pas déconcentrée… J’ai brisé le rayon lumineux qu’elle avait créé pour sauter…

- Mais personne ne peut à part…

- Les Ténébreux, compléta Wylie en pleurant.

- Tu n’as pas pu briser le rayon alors que tu n’avais que trois ans…

- Quand… quand les Conseiller sont venus pour prendre mon père… je… mon talent s’est manifesté… j’ai blessé trois gobelins et… et… ils n’ont pas pu m’arrêter, je n’étais qu’une enfant… A…Après ça, ma mère a demandé à un professeur de m’entrainer. On savait que le Conseil nous surveillait. Alors, à chaque fois que ma mère retrait à la maison à la fin de son jour de travail, elle me prévenait avec mon transmetteur. Elle suspectait que le Conseil veuille me prendre pour fouiller dans mes pensées. Alors, elle m’avait dit de briser tous les sauts lumineux qui apparaissaient avant l’heure à laquelle elle rentrait. Mais, ce… ce jour-là… Elle est arrivée plus tôt. Je... Je l’ai tué… J’ai tué maman…

Alors, c’était ça, le regret. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle le savait depuis le début, pensa Keefe. C’était sa faute si elle se souvenait. Le fait qu’elle ait sauté avec lui lui a débloqué son souvenir.  Il la prit dans ses bras et la berça. Elle pleura, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Le matin, Wylie se réveilla dans les bras de l’Empathe. Leurs regard se croisèrent et Keefe ressentit une nouvelle émotion, qu'il n'avait jamais ressenti venant de lui-même ou de quelqu'un d'autre.

Partie 8[]

[Deux semaines plus tard. Le Comité est en réunion avec Wylie, Toison et Médoc.]

- Raaaah, c’est pas juste !!! pesta Keefe.

- Ce n’est pas parce que Wylie peut y aller que nous aussi ! dit Biana en levant les yeux.

- Ben si, justement !

- Keefe, elle a GRANDI avec eux. C’est sa famille. C’est NORMAL. Maintenant calme-toi et arrête de déchirer les pages de ce livre.

Keefe laissa tomber le livre en question (qui n’était autre que Le Cœur Du Problème, par Lord Cassius Sencen, évidemment) et lui donna un coup de pied rageur. À ce moment-là, le Comité sorti, accompagné des autres personnes dans la salle.

- Alors ? s’enquit Keefe.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? demanda Wylie en fronçant les sourcils à la vue du livre déchiré à ses pieds.

- Euh… peu importe. Alors ?

- Nous n’avons rien décidé, dit Forkle.

- Nous ferons une nouvelle réunion demain matin entre adultes, dit-il en regardant Wylie en oblique.

La jeune Ténébreuse ne releva pas, sans doute parce qu’elle était occupée à réprimander Keefe sur le fait qu’il ne fallait pas abimer des livres, aussi ennuyeux soit ils, pendant que Keefe était prit d'un fou rire avec Dex.

[Le lendemain.]

Quelqu’un tira du lit Keefe. C’était Della.

- Keefe, vient. [Elle lui explique qu’ils vont à Exil.]

- Et Wylie, elle vient avec nous ?

Della se mordit la lèvre et dit avec une grimace :

- C’est là où est tout le problème, (puis voyant le regard inquisiteur de Keefe), tu vas bientôt comprendre.

[Le Comité et Médoc attendent Keefe dans la salle commune.]

- Ah, Keefe, te voilà ! s’écria Forkle. Il faut que tu saches avant que je ne t’explique ce que tu devras faire que c’est entièrement pour le bien de Wylie. Nous en avons parlé et la meilleure solution est celle que nous allons te proposer.

- C’est bizarre, parce que vu vos têtes, ça n’a pas l’air d’être l’avis de tout le monde, ironisa l’Empathe. Qu’est-ce que vous attendez de moi ?

Les adultes échangèrent tous un regard peiné.

- Nous voudrions que tu drogues Wylie, souffla Forkle.

- Vous voulez que je quoi ? s’exclama Keefe en regardant à tour de rôle tout le monde, les yeux écarquillés.

- Je voudrais que vous droguiez Wylie. Pour qu’elle ne vienne pas à Exil avec nous, au cas où cela terminerait mal.

- Mais… c’est…

- Pour son bien, compléta Médoc. Crois-moi, Keefe, ça ne m’enchante pas plus que toi, mais nous n’avons pas le choix.

- Nous avons toujours le choix, marmonna Granite.

- Attendez, vous ne seriez pas….

- Ne changez pas sujet, coupa Forkle. Allez-y. C’est pour elle. C’est pour son père.

Keefe s’approcha et saisit le tissu humide que lui tendit Médoc.

- Tu devras lui plaquer le tissu sur le nez et la bouche pendant dix secondes. Vas-y.

- D’accord, dit l’Empathe, résigné et dégouté de lui-même pour ce qu’il allait faire.

Le jeune homme toqua à la porte de la Ténébreuse qui lui ouvrit avec un sourire en le voyant.

- Oui ?

- Je peux entrer ? Je voudrais te parler.

- Oui, vas-y, rentre, dit-elle en se décalant.

- Est-ce que si je fais une bêtise énorme, tu me pardonneras ?

- Qu’as-tu fait, cette fois ? soupira-t-elle.

- Rien du tout, c’est pour… quelqu’un.

- Ouais l’excuse bien pourrie que tout le monde sort à chaque fois, ricana Wylie.

- Non, je suis sérieux ! dit-il en s’asseyant sur le lit à côté d’elle.

- Et bien, je pense que… tout dépend de la bêtise.

- Si c’est envers toi ?

- Oh, et bien, là encore, tout dépend de ce qu’il fait.

Keefe se rapprocha d’elle.

- Si il… fait quelque chose mais qu’il ne sait pas si ça va… être grave à ses yeux ou pas…

- Tu es sérieux, là ? Parce que ce n’est pas drôle du tout. Qu’est-ce que tu…, dit-elle en voyant son ami approcher de plus en plus son visage du sien.

Elle n’eut pas le temps de bouger que Keefe lui avait appliqué le tissu sur le visage. Ses yeux s’emplirent de larmes, tant il était horrifié de ce qu’il faisait. Wylie tomba dans un lourd sommeil. Il lui retira sa cape, son gilet et dénoua ses bottes. Il tira les couvertures et les ramena sur elle.

- Je suis désolé, Wylie, s’excusa-t-il en un murmure.

Il referma la porte doucement derrière lui.

[Chapitres 27 à 31 -> à Exil]

Keefe se faisait un sang d’encre pour Fitz, même si il le cachait grâce à ses blagues, ce qui ne l’empêchait pas de faire les cent pas dans la salle commune. Wylie apparu à l’encadrement de la porte. Elle avait le regard tellement flamboyant de colère que le jeune homme fit quelques pas en arrière.

- Alors, c’était ça, la grosse bêtise ? Tu m’as droguée… Tu m’as menti… Tu m’as caché des informations qui me concernaient entièrement… Tu… Tu…

Elle était au bord des larmes. Elle se sentait trahie, humiliée, elle était triste et en colère et toutes ses émotions donnèrent comme un coup de poing dans le ventre de l’Empathe.  Elle avait eut confiance en lui, et lui, il avait tout gâché !!!

- Je suis désolé, Wylie. Je ne voulais que te protéger et...

- ME PROTÉGER ? TU CROIS VRAIMENT QUE TU ALLAIS ME PROTÉGER EN ME DROGUANT ET ME LAISSANT DORMIR EN ME METTANT SUR LA TOUCHE ? C’EST MON PÈRE !!!

- Wylie, je…

- Tais-toi ! dit-elle en levant les bras pour qu’il ne s’approche pas d’elle.

Elle commença à pleurer devant lui, et il était impuissant.

- Je vous faisais confiance… sanglotait-elle.

Keefe se retourna et vit Forkle, derrière lui, avec les yeux remplit de larmes.

- Je suis désolé, Wylie. Ne m’en veux pas.

Wylie arrêta de pleurer.

- Tu es pour moi comme Grady est pour Sophie. Mais tu as demandé à Keefe de me droguer… murmura-t-elle.

Forkle s’avança et la prit dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte. Quand elle se détacha de lui, Forkle sortit de la pièce. Keefe se précipita vers la jeune fille et lui enlaça la taille tandis que Wylie passa ses bras derrière son cou. Ils s’embrassèrent et quand ils reprirent leur respiration, Keefe lui murmura au creux de l’oreille :

- Je t'aime, Wylie Endal.

Partie 9[]

- Alors vous êtes ensemble ?

- Ça fait comment quand on s’embrasse ?

- Est-ce que vous faites avec la langue ?

- Si oui, c’est dégueulasse !

- Trop !!!

- Lex, Bex, Rex, arrêtez ça immédiatement !!! Excusez-moi, ils sont infernaux !!! dit Juline avec un sourire.

À la suprise du jeune couple, leurs amis et même le Comité ne les avaient pas bombardé de questions et de recommendations.

- Ça ne fait rien ! dit Keefe en prenant un des triplés - Rex ou Lex - pour courir avec dans toute l’entrée de Remishire.

- En fin de compte, je ne sais pas qui est le pire… soupira Wylie, le visage dans les mains.

Dex s’esclaffa :

- Bienvenue dans mon monde !!!

- Je sens qu’on va s’éclater ! cria Keefe à l’autre bout de la pièce en faisant l’avion avec un des triplés.

- Et moi, je sens que ça va être un cauchemar ! On n’aura pas trois enfants à la maison, mais quatre ! maugréa Wylie.

Kesler entra dans la pièce, un grand sourire sur ses lèvres.

- Bonjour Wylie ! Comment vas-tu ?

- Vous vous connaissez ? s’étonna Sophie.

- Cyrah travaillait juste en face de ma boutique, expliqua le père de Dex. Des fois, Cyrah me demandait de surveiller Wylie quand elle avait beaucoup de travail. À cette époque-là, les triplés n’étaient pas encore nés mais Wylie causait autant de bazar qu’eux !  

- Vraiment ? s’enquit Keefe avec un grand sourire aux lèvres après avoir posé Rex.

- Oh oui ! Je vous raconterai plus en détail apr.…

- Tu ne raconteras rien du tout ! ronchonna Wylie en croisant les bras.

- Alors c’est là qu’habite Dex ? dit Biana avec émerveillement, mettant fin à la discussion.

- Pourquoi on est là, déjà ? maugréa Fitz en rentrant.

- On vient ici parce qu’on a retrouvé un champ de force juste à côté d’Alluveterre et que peut-être que les Invisibles vont attaquer ! répondit sa sœur.

- Cela vous pose un problème de venir ici ? demanda froidement Kesler.

- Oh non, ce n’est surtout pas contre vous ! C’est juste que j’aurai bien voulu voir mon père, puisque l’on est dans les Cités Perdues.   

- Oh, très bien, se détendit Kesler. Bien, allons manger.

[Après le repas.]

- J’ai fait déplacer les meubles contre le mur, vous n’avez plus qu’à mettre vos sacs de couchage !

- Merci, Kesler, le remercia Wylie.

- Dormez bien !

Les six amis disposèrent les sacs de couchage en forme d’étoile à six branches et allèrent à tour de rôle dans la salle de bain pour se changer. Quand tout le monde eut fini, ils commencèrent à discuter : Fitz leur raconta comment c’était passé les expéditions dans les Cités Interdites quand il cherchait Sophie, Biana les parties de conquêtes et de balle-piège qui tournaient au vinaigre, Sophie les disputes qu’elles avaient avec sa sœur, Dex les bêtises des jumeaux, Keefe ses pitreries à l’encontre de son père et Wylie les boulettes qu’elle avait fait quand elle n’arrivait pas à contrôler son pouvoir. Ils se couchèrent tard.

- Tu dors ? demanda Keefe en chuchotant à Wylie.

- Dans tous les cas, plus maintenant ! ironisa-t-elle.

- Tu en veux au Comité qu’ils n’aient pas voulu que tu les accompagnes ?

- Non, ça va. Pourquoi ?

- Comme ça, répondit simplement l’Empathe.

Il décala son sac de couchage pour le coller à celui de Wylie.

- Tu fais quoi, là ? demanda-t-elle.

- Tu as froid, non ?

- Comment tu…

- Je suis un Empathe, répondit Keefe en un sourire.

Il calla une mèche bouclée sur le visage de la jeune fille derrière son oreille.

- Viens là, murmura-t-il.

Elle se colla contre lui, sa tête contre son torse. Il l’entoura de son bras et ils dormirent jusqu’au petit matin.

- Vous pouvez me dire ce que vous fichez ? demanda Grady en fusillant du regard le bras de Keefe qui était enroulé autour de la taille de Wylie.

Le couple s’écarta précipitamment mais Grady avait déjà commencé son sermon…

- Non mais à votre âge !!! Ce n’est pas possible !!!

- Tu as bien dormi ? demanda Keefe pendant que Grady criai : Non mais c’est incroyable !

- Oui, merci, répondit Wylie alors que Grady répétait sans cesse : Si jamais je vous revois faire ça, vous êtes morts !!!

Quand Grady eut fini sa tirade longue de trente mètre qui était principalement fait de : Non mais vraiment…; Ce n’est pas possible…; Vous ne pouvez tout bonnement pas…, Wylie déclara calmement :

- Tu as fini ? Parce que j’ai très faim et tout le monde est déjà parti manger.

En effet, tout le monde les attendait pour commencer à manger. Grady se confondit en excuses, ce qui ne l’empêcha pas de manger le quart de la guimolle que son épouse avait emmenée.

Au moment de leur départ, Grady les amena à l’écart.

- Je consens à accepter votre relation si vous me promettez d’attendre d’avoir atteint l’âge des niveaux d’élite pour…

- Pour quoi ? demanda Keefe, perplexe, avant de comprendre.

Il vira teint cramoisi.

- Je ne pensais même pas à… ça.

- Grady, t’es sérieux, là ? On a quinze ans, dit Wylie en articulant chaque syllabe de la dernière phrase comme si elle parlait à un bébé.

- Oui, mais c’est quand même mieux de vous prévenir, marmonna l’Hypnotiseur dans sa barbe.

- On doit y aller. Au revoir, j’ai été très heureuse de te revoir, dit Wylie d’une vois dégoulinante de sarcasme.

- Je crois que je vais aller voir mon père, comme je suis ici, dit Keefe.

- Tu es sûr ? s’inquiéta Wylie en fronçant les sourcils. Tu n’es pas obligé…

- Je vais juste voir s’il va bien et récupérer quelques affaires.

- Bon, d’accord. À toute à l’heure, alors.

Ils s’embrassèrent et Wylie rejoignit les autres.

[Alluveterre.] [Une heure plus tard.]

- Alors ? Ça s’est bien passé ? s’enquit Biana en voyant Keefe entrer dans la pièce.

- Plutôt bien. (Voyant la tête surprise de ses amis, il précisa :) Mon père n’était pas là. Et j’ai récupéré ceci, dit-il en montrant Madame Schlinguette.

- Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? s’écria Wylie en fronçant les sourcils.

- Je suis sûr que tu serais encore plus jolie si tu arrêtais d’avoir ça sur le front, déclara l’Empathe en pointant du doigt le pli qui s’était formé sur le front de la jeune fille. Et pour ça, lança-t-il en montrant la peluche, c’est Madame Schlinguette.

- Et c’est censé être une créature ? demanda la Ténébreuse en repoussant le doigt du jeune homme non sans rougir.

- Oui, c’est un gulon ! l’informa Keefe, tout sourire.

- J’ai raté un épisode ? Parce que tu sembles attacher beaucoup d’importance aux gulons ! remarqua la jeune fille.

- L’incident du Grand Gulon , tu n’en n’as jamais entendu parlé ? demanda Keefe en faisant semblant de faire un malaise.

- Non, c’est quoi ?

- Vous en parlerez une prochaine fois. Pour l’heure, il faut aller réveiller Prentice, annonça M. Forkle qui venait d’entrer.

Partie 10[]

- Où est-il ? demanda Forkle.

- Il arrive. Alina a dû l’enjôler pour l’endormir.

Le cœur de Wylie se serra de colère et de tristesse. Keefe le sentit et lui prit la main et entrelaça ses doigts avec les siens. Grady le vit et lui jeta un regard noir.

- Est-ce que vous surveillez les territoires neutres ? demanda Wylie.

- Pourquoi le ferions-nous, mademoiselle Endal ?

- Parce que j’ai découvert qu’ il y a un Psionipathe chez les Invisibles qui semble qui semble être mêlé aux gnomes, expliqua la Ténébreuse.

- Comment se fait-il que nous ne soyons pas au courant ? demanda impérieusement le Conseiller.

- Eh bien, c’est le problème quand on traie les mauvaises personnes de fugitifs. Toute collaboration est quelque peu entravée, rétorqua Forkle.

- Jamais je ne t’aurais dit quoi que ce soit si ça aurait été pour les rapporter à des personnes qui se croient supérieures si bien qu’elles brisent l’esprit d’un homme honnête et courageux qui avait une femme et une enfant, dit Wylie à Forkle en se retournant.

Les Conseillers échangèrent un regard gêné. Emery se racla la gorge.

- Et pour le jeune Vacker ?

- Il serait bien mieux si vous auriez fait preuve d’un peu de bon sens, railla Wylie pour empêcher Forkle de parler.

- Je crois qu’il est inutile de vous rendre la raison sur le sujet du Conseil, n’est-ce pas, mademoiselle Endal ?

- Ce qui reviendrait à vous pardonner ?

- En quelque sorte, oui, concéda Bronte.

- Je savais qu’Emery ne pourrait pas comprendre, mais vous… Je pensais que vous seriez plus ouvert d’esprit.

- Si il n’y avait que moi qui déciderai au sein du Conseil, sachez que jamais votre père n’aurai subit ce qu’il a subit, je vous en donne ma parole, Wylie.

- Cela ne change rien au fait que cela c’est quand même passé, dit-elle d’un ton glaciale.

Alina arriva avec des gobelins dont l’un d’eux transportait Prentice. Wylie se précipita et d’un geste de bras, forma un brancard grâce aux ombres des deux gobelins et le transporta dans les bras de Calla. Elle essuya le front humide de son père avec sa manche et échangea avec Gethen.

- Votre talent serait très utile pour…

- Hors de question de vous aider, coupa la Ténébreuse. Nous devons y aller.

[Arrivée à Alluveterre.]

- Prentice a disparu, annonça Sophie.

Wylie tituba. Sa tête tourna et, si Keefe n’avait pas été là, elle serait tombée. Elle se précipita au chevet de son père, se mit à genoux et lui murmura :

- Tu ne peux pas me laisser toute seule, sanglota-t-elle, j’ai besoin de toi. Papa, je t’en supplie, écoute moi. Je t’en supplie. Je ne peux pas vivre sans toi. Papa, reviens.

Elle lui essuyait le front, mettait ses cheveux en arrière, lui essuyait le visage. Les autres la regardèrent, impuissants. Keefe passa ses bras autour de sa taille pour l’éloigner. La jeune fille pleura contre son torse. Keefe lui caressait ses cheveux et son dos en lui disant que tout allait bien se passer. Il la conduit dans sa chambre et la mit au lit. Il s’assit sur un fauteuil à côté et lui prit la main. Les émotions de la jeune Ténébreuse étaient si écrasantes qu’elles lui donnaient la migraine, mais il s’en fichait. Elle finit par s’endormir. Quand Keefe se réveilla, Wylie avait disparu. Il descendit et demanda :

- Quelqu’un a vu Wylie ?

Tout le monde répondit négativement.

- Je suis là, dit la jeune fille.

Elle avait mauvaise mine : ses yeux étaient rouges et entourés de cernes noires, ses vêtements étaient froissés et sales et ses cheveux étaient relevés sur sa tête en un chignon qui menaçait de lâcher. Keefe se précipita vers elle et la serra dans ses bras.

- Ça va aller ?

- À l’évidence, je crois que Papa ne se réveillera pas aujourd’hui, ni même dans les jours qui suivent. Mais…, dit-elle en se tournant vers les Vacker, Sophie et Dex, je compte sur le fait que l’on n’abandonnera pas, que ce soit au sujet de mon père, au sujet de la mère de Keefe, de l’épidémie des gnomes ou des alicornes.

- On n’abandonnera jamais ! La Team Wykeefiterianex va triompher !!! s’exclama Keefe en brandissant le poing en l’air.

- Tout doux, parce que pour le moment la journée qui nous attends va être longue.

- Ah oui, pourquoi ?

- Parce que demain, on va à Exilium, rappela-t-elle en éclatant de rire en voyant les têtes déconfites de ses amis.

Partie 11[]

[Exilium.]

- Olala, ils sont horribles, ces masques ! s’exclama Dex. Ça pue !

- Tu as raison, approuva Wylie. Au fait, où est Exilium ?

Ils avaient beau regarder tout autour d’eux, il n’y avait aucun signe de vie dans les environs. Ils empruntèrent le chemin rocailleux et tombèrent sur une arche.

- C’est glauque, comme endroit, constata Biana. En plus…

Elle n’eut pas le temps de finir car ils venaient tous d’être suspendus en l’air.

- Bienvenue à la répartition ! s’exclama une voix rauque.

- Qu’est-ce que c’est que ce… commença Wylie en pestant avec la plus grosse bordée de jurons que Sophie n’avait jamais entendu.

- Pas de grossièretés, je vous prit ! Voyons voir comment vous aller vous détacher.

- Aïe ! cria la Ténébreuse.

La liane qui entourait sa cheville la serrait tellement qu’elle craqua. La jeune fille serra les dents pour se retenir de crier de douleur et ramena toutes les ombres de ses amis pour sectionner la corde. Elle tomba en même temps que Keefe en lévitant. Quand elle se tourna vers lui, elle ne put s’empêcher de rire malgré sa cheville.

- Ton pantalon ! dit-elle en se pliant en deux tellement qu’elle rigolait.

- Oui, c’est bon, rougit le jeune homme.

Il lui passa le bras autour de la taille de la Ténébreuse pour la soutenir.

- Je crois que j’ai la cheville cassée, dit-elle en rigolant et grimaçant à la fois.

[Infirmerie.]

- Arrête avec ça ! Ce n’est pas du jus de luxuriante !

- Mais j’ai soif ! gémit le jeune homme en faisant une tête de petit enfant malheureux.

-  Je m’en fiche, tu n’as pas à boire quelque chose qui ne t’es pas destiné, lui rappela-t-elle n levant les yeux au ciel. Tiens, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Je te pari que c’est Foster qui vient de détruire l’arche !

En effet, quelques secondes après les paroles de Keefe, le « Boobrie » comme l’avait surnommé Keefe amena Sophie, inconsciente, sur le matelas qui se situait à côté de celui de Wylie.

- Dites-lui de boire ça quand elle se réveillera.

- Oh, non, tu ne boiras pas ! s’écria Wylie en arrachant des mains de Keefe la potion que lui avait donnée l’infirmier.

- Bravo, tu as réveillé Foster. Ça va ? demanda-t-il, tout sourire aux regards assassins que lui lançait sa petite amie.

- Oui, plus ou moins, et vous ?

- Les lianes qui nous ont suspendus sont faites avec des éclats solaires, qui réagissent agressivement quand ils sont en contact avec trop de sombrune.

- Mais je croyais que tout le monde avait de la sombrune en lui, s’étonna Sophie.

- Oui, mais les Ténébreux en ont plus.

- Ma petite amie est une fille des ténèbres, ricana Keefe, non sans se prendre un coup de pied au passage.

[Keefe est réparti chez les bleus et Wylie et Sophie chez les violets.] [Fin des cours.]

- Pour la discrétion, on repassera, fit remarquer Keefe quand ils réapparurent dans une forêt grisâtre.

- Ah oui, pourquoi ? demanda Calla qui venait d’apparaitre.

- J’ai adoré le numéro de Pyrokinésiste de Foster, c’était brillant !

- Je ne sais même pas comment j’ai fait ça… murmura la Télépathe.

- Moi non plus, c’était très étrange, concéda Wylie.

- Et Wylie, c’était magique ! Jamais je n’aurai pensé qu’elle connaissait autant de gros mots ! Vous auriez dû voir la tête de Biana tellement qu’elle était surprise ! Elle a fait la même tête que quand on a vu le mec tout nu à Florence.

- Un mec tout nu à Florence ? s’étrangla Wylie.

- Oui, une statue répugnante, c’était affreux ! renchéri Biana.

- Ils ont vu David, si tu connais, expliqua Sophie devant l’air perplexe de la Ténébreuse.

- Ah, d’accord ! dit Wylie en éclatant de rire.

Ils rentrèrent tous de très bonne humeur après que Fitz lui ai raconté l’histoire en détail.

[Le lendemain, Exilium.]

- Où sommes-nous ? demanda Sophie en voyant qu’ils étaient près d’une zone où l’épidémie avait frappé.

- Peu importe, lâcha l’Instructrice rouge.

- Vous vous fichez des gnomes ? demanda Wylie d’une voix rauque de colère en serrant les poings.

- Ce ne sont pas nos affaires… commença l’Instructrice violette.

- En effet, la coupa l’Instructeur bleu. Nous en fichons car ils ne sont de notre monde, ni du vôtre, d’ailleurs.

Il poussa un petit cri en voyant que son ombre et celles de ses collègues glissaient doucement pour rejoindre celle de la Ténébreuse. Keefe attrapa le poignet de Wylie.

- Arrête.

Elle fronça les sourcils et, voyant ce qu’elle faisait, desserra ses poings.

- Je préfère, dit fermement l’Instructeur.

[Sophie et Fitz vont à Foxfire après avoir trouvé le gnome malade.] [Forêt tordue où les attend Wylie, Keefe, Biana et Dex.]

- Que s’est-il passé après notre départ ? s’enquit la Télépathe.         

- Voyons voir… l’Instructrice violette s’est évanouie et je suis à peu près certain que les deux autres se sont faits dessus. Tout le monde a paniqué et a commencé à crier alors Wylie a fait une bombe qui les a faits taire.

- Une bombe ? s’étrangla Sophie.

- Pas une bombe, idiot, une onde de choc, rectifia-t-elle en pinçant Keefe avec un sourire.

- Wylie a rassemblé toutes les ombres et les a avalées. Après, elle a ouvert la bouche et une onde est apparue. C’est bien ça ? demanda Dex.

- Oui, en gros, confirma la Ténébreuse. Ah oui, et les Instructeurs ont refusé de nous donner des perles supplémentaires pour vous deux.

- Ben voilà, c’est fait, soupira Sophie.

- Pas sûr, dit Biana. [Elle explique que ce que le Ténébreux lui a dit.] Mais je ne crois pas que se soit une bonne idée.

- Peut-être qu’il veut nous punir parce qu’il ne nous sent pas, dit Dex.

- Ce n’est pas son genre, affirma la Télépathe.

- Tu le connais à peine, objecta Fitz.

- D’ailleurs, ce n’est pas le type contre lequel le Boobrie t’a mise en garde ?  demanda Keefe.

- Si je serai à Exilium depuis plus longtemps, il ne me recommanderait pas, moi non plus, contra Wylie.

- C’est pas faux, concéda l’Empathe.

- À mon avis, les Instructeurs ne l’aiment pas parce qu’il enfreint les lois et n’en fait qu’à sa tête. Ça ne te rappelle pas quelqu’un ?

- Certes, admit Keefe, mais je ne suis pas un Ténébreux. Tout est dans le nom, ils sont toujours louches.

- Tu en a une juste en face de toi, et c’est ta petite amie, fit remarquer Biana. 

Se rendant compte de sa gaffe, Keefe courut pour s’éloigner le plus possible de Wylie. Celle-ci ricana et attrapa son ombre. Deux secondes plus tard, Keefe était à terre, sans son pantalon.

- Tu étais vraiment obligée ? maugréa le garçon.

- Avoir la honte devant tout le monde, c’est pas la mort, dit-elle en ricanant.

Tout le monde éclata de rire.

Partie 12[]

[Trois jours plus tard.]

- Silveny va avoir un petit ! annonça Sophie en débarquant en trombe dans la pièce.

Wylie était assise sur Keefe, qui parlait tous les deux à Fitz et Biana et Dex essayaient de faire manger des légumes à Iggy. Ils sursautèrent tous en même temps.

- Tu en es sûre ? s’enquit Fitz.

- Oui, elle m’a montré…

- Stop, plus d’information. Je crois que j’ai perdu l’appétit pour toujours, dit Keefe en posant la sucette qu’il avait dans la bouche.

- Moi aussi, acquiesça Dex.

- Et moi donc, renchéri Biana.

- Elle m’a aussi dit que…

- LALALA, je n’entends rien ! s’écria Keefe en se bouchant les oreilles.

Wylie se leva et incita la Télépathe à développer.

- Qu’elle avait besoin de régilisse. Il faudrait prévenir Jurek.

- Peut-être qu’il le sait déjà, non ? Ça se trouve, il les a déjà vus…

- Celui qui parle encore d’ALICORNE se prend une corbeille de fruits pourris !!!

- Essaye un peu, pour voir, dit Wylie en prenant son ombre telle un ballon rempli d’eau avec un sourire narquois.

- Finalement, je crois que je vais m’en abstenir, après mure réflexion.  

- Bon choix, approuva Forkle qui venait d’entrer. Et quel est le problème avec les alicornes ?

- Silveny va avoir un petit !

- Racontes-moi tout ! s’exclama Forkle.

- Je vais emmener Keefe loin d’ici avant qu’il ne pète un câble, on se retrouve pour le diner !


[Bois-sauvage, deux jours plus tard.]

- Stop ! s’écria Tam.

- Ils sont avec moi, assura Sophie.

- Nous ne voulons pas vous faire du mal, et vos petits tours de magie noire ne serviront à rein du tout.

- Ce n’est pas un tour.

- De toute façon, tu ne pourras rien faire contre nous.

- Ah oui ? J’aimerais bien voir ça.

Le garçon essaya de s’emparer de son ombre, en vain. La Ténébreuse s’empara des ombres de ses amis et en forma un champ de force qui enferma le Ténébeux. Il la regarda d’un air ébahi.

- Depuis quand as-tu ton talent ?

- Depuis que j’ai trois ans, une histoire compliquée. Tu pourrais devenir comme-moi si tu cesses de te comporter comme un gamin et que tu nous laisses passer.

- Je vous laisse passer si je vous lit, alors.

- Si tu veux.

Keefe s’écarta brusquement des ombres.

- Hors de question.

- Keefe, c’est indolore. Je te l’ai déjà fait, ainsi qu’à vous quatre.

- Tu n’as pas le droit de faire ça ! s’emporta Keefe.

- Dixit le garçon qui m’a caché des infomations et m’a droguée, contra-t-elle.

Keefe se tut, mais continua à marmonner dans sa barbe.

- Je n’ai pourtant rien sentit, s’étonna Sophie.

- Je me suis entrainée. Une autre chose que tu pourrais faire si tu nous laissais t’aider.

- J’imagine que tu m’as lue, aussi ? soupira Tam.

- En effet, et je sais que tu n’as rien à cacher, a part ta sœur qui est cachée là-bas, dit-elle en désignant les arbres.

- Comment…

- Arrête de poser des questions, tu me fatigues. On veut t’aider. Si tu ne veux pas, très bien, mais tu finiras un jour ou l’autre par manquer de nourriture. Alors ?

- Je veux quand même vous lire, je suis désolé, mais c’est ça ou rien.

- Alors vas-y. Je me porte garante pour ce qui concerne Keefe.

- Nous perdons notre temps, Monsieur Song.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- Je me renseigne toujours avant d’aller à un rendez-vous. [Il lui expliqua ce qu’il savait sur le jeune homme.]

- Bon, j’imagine que vous avez raison. Mais promettez-moi une chose.

- Developpez.

- Si il arrive quelque chose à Linh, nous partirons tout de suite et je vous ferai passer un sale quart d’heure.

- Si quelqu’un va passer un sale quart d’heure si on le contrarie, c’est bien Wylie, fit remarquer Keefe. Alors, pour le coup, c’est toi qui va faire attention à ce que tu fais, et pas nous, dit-il en passant un bras autour des épaules de Wylie.

- C’est ton petit copain ?

- Oui, et alors ? demanda Wylie en soupirant.

- Je ne le sens pas, si tu veux mon avis.

- Dommage, elle ne le veut pas, coupa Keefe.

Partie 13[]

[Le lendemain, Tam et Linh emménagent à Alluveterre.] [Tout le monde est dans le jardin. Il y a une terrassa avec une fontaine faite de pierre.]

- Première leçon, déclara Wylie en levant, auparavant sur les genoux de Keefe.

- Oh non, tu peux rester, j’ai froid ! dit Keefe en faisant semblant de frissonner. 

- Pauvre petit, le taquina Wylie.

Elle prit Tam par le bras et l’entraina au centre de la terrasse.

- Qu’est-ce qu’on va faire, demanda le Ténébreux, enthousiaste comme un enfant la veille de Noël.

- On va apprendre à faire des champs de force pour se potéger, comme ça.

Elle déploya son bras et ramena son ombra devant elle. Elle la transforma en sphère et l’agrandi jusqu’à ce qu’elle protège entièrement sa créatrice. Ils s’entrainèrent pendant une heure, et , pendant une heure, Keefe ne cessa de lancer des regards noirs au Ténébreux dès qu’il croisait son regard avec celui de sa copine.

- On continuera demain soir, d’accord ?

- Oui, merci, c’était vraiment super !

- Mais, Wylie, demain, on devait…

- Ah oui, c’est vrai, excuse-moi ! Alors disons juste avant le déjeuner, ça te va ?

- Oui, ça marche.

- Au fait, Mister Frangette, si tu…

- À table ! cria Della à la fenêtre.

Tout le monde rentra, excepté Wylie, retenue par Keefe.

- Tu ne le trouves pas louche, ce gars ?

- Non, pourquoi ?

- Je trouve qu’il est trop…

- Qu’il est trop ?

- Proche de toi, lâcha-t-il en rougissant.

Wylie éclata de rire.

- Arrête de dire des bêtises, et allons manger, j’ai une faim de loup !

- Tu es sûre ? demanda-t-il avec un embryon de sourire.

- Mais oui ! dit-elle en l’embrassant.

[Le lendemain soir.][Forêt à côté d’Alluveterre.]

- Encore un peu… voilà. Ne bouge plus, dit Keefe en stoppant Wylie.

- Je peux enlever le bandeau ? demanda cette dernière.

- Non, attends deux secondes. C’est bon, ouvre les yeux.

Il défit le bandeau des yeux émerveillés de la jeune fille.

- Oh, Keefe, c’est magnifique !

Le jeune Empathe l’avait emmené sur une colline, à l’orée des bois où habitaient des phénix. Il y avait beaucoup de lucioles qui illuminaient l’endroit avec la pleine lune. Il siffla et un phénix noir et violets apparu.

- Comment as-tu fait ? Les phénix sont très méfiants…

- Je l’ai trouvé blessé et l’ai soigné. J’ai eut l’impression qu’il voulait rentrer avec moi alors je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée de cadeau. Et puis, regarde ses yeux.

- Il a les mêmes que moi, dit-elle en les écarquillant. Comme dans la légende.

Une légende existait comme quoi les Ténébreux avaient chacun un phénix qui leur correspondait. Ceux qui trouvaient celui qui leur (ils devaient avoir les mêmes yeux) correspondait étaient suspectés de pouvoir remettre la Chronologie de l’extinction à zéro.

- Ce n’est qu’une légende…

- N’empêche que maintenant, elle est à toi. Elle s’appelle Ether. Elle me l’a dit, justifia le jeune homme devant le regard perplexe de la Ténébreuse.

- Tu es le meilleur, murmura-t-elle en se jetant à son cou.

- Qui ne le savait pas ? ria Keefe ;

- Alors toi ! Tu as le chic pour… Oh, et puis zut !

- Est-ce que vous m’accorderiez une danse ? Mlle Foster m’a prêté son Ipod, alors, nous pouvons danser tant que nous le voulons. Alors ?

- Avec plaisir, M. Sencen.

Ils dansèrent longtemps.

- Au fait, pourquoi aujourd’hui ?

- Tiergan m’a dit que c’est le jour où ton père a invité ta mère pour la première fois, du coup, je me…

Il n’eut pas le temps de finir car Wylie l’embrassait déjà.

- Je t’aime Keefe, murmura Wylie.

- Je t’aime aussi, Wylie, répondit Keefe avec le plus beau sourire qu’il n’ait jamais esquissé.

Ils s’endormirent, Wylie dans les bras protecteurs de son petit ami.

Partie 14[]

[Deux jours plus tard.]

- Il FAUT qu’on y aille, je ne te pose pas une question ! J’y vais, c’est tout.

- Wylie, le souci est que…

- Le souci est que rien du tout. Je ne te pose pas la question, J’Y VAIS. Je n’ai pas besoin de ton accord. Kesler a préparé plusieurs potions pour changer d’apparence. Il faut y aller, sinon on va être en retard.

- Tu veux dire que tu as pris cette décision toute seule ? demanda Forkle, exaspéré.

- Non, Blizzard, Granite, Spectre et Brume sont d’accord.

- Quoi !? Mais…

- Oui, excuse-moi, mais on avait autre chose à faire que de t’attendre.

- Vous les…

- Oui, oui, quand tu auras fini ta litanie de « vous les gamins et nianiania et nianiania et vous les gamins », on pourra y aller ?

Fitz, Biana, Sophie, Keefe, Dex et Elwin, qui assistaient à la scène, prenaient un malin plaisir à voir l’ancien voisin du Colibri se faire entourloupé par la jeune Ténébreuse. Dex déclara avec un sourire narquois :

- Je comprends mieux pourquoi vous êtes ensembles, maintenant.

Elwin se mordit la lèvre pour cacher un fou rire, en vain.

- On y va, c’est bon, monsieur ronchon a enfin accepté le fait que je pouvais décider de ce qui pouvait se passer ici.

[Slurp & Burp]

Les retrouvailles entre Grady et Sophie et Kesler et Dex faites, ils changèrent d’apparence.

- Oh, tu ressembles à Bronte, ricana Keefe, prit d’un fou rire silencieux en voyant Wylie.

En effet, la jeune fille avait les cheveux marrons foncés et raides, des traits anguleux qui faisaient ressortir encore plus ses pommettes qu’avant (ce qui semblait impossible) et des yeux gris froids.

- Je suis horrible ! N’empêche que, sans frange, ça me va bien aussi, constata-t-elle avec l’approbation de Biana. Enfin, trêve de bavardage, allons à Éternalia !

[Éternalia.]

Fintan avait survécu au Grand Brasier. Wylie manqua de tomber, et, sans l’aide de Tam, elle se serait écroulée par terre. Non, c’était impossible. Elle s’était jetée sur lui pour le brûler, il avait été englouti par les flammes. Elle l’avait vu.

- Comment a-t-il fait ? murmura-t-elle.

- Wylie, arrête tout de suite, dit fermement sir Astin en lui tirant sur la manche.

L’ombre de Wylie glissait en direction de Fintan. Elle ramena son ombre à elle.

- N’oubliez pas que je peux brûler cette ville en un claquement de doigts, déclara Fintan.

- C’est de la folie ! hurla Terik.

- Non, c’est ce que j’appelle agir, rétorqua Fintan.

- Que comptez-vous accomplir en tuant des gnomes innocents ?

- Attirer votre attention. Nous avons un plan, fait par notre ancien guide. Quel dommage qu’elle ne soit plus parmi nous. Je me suis débarrassé d’elle pour mettre en œuvre le Projet Polaris.

Wylie sentit les doigts de Keefe se desserrer. Fitz l’aida à le soutenir lorsque Lord Cassius s’écria :

- Qu’avez-vous fait de ma femme ?

- Rien qu’elle ne méritait pas, dit calmement Dimitar. [Il annonça qu’il y a un remède. Il proposa aux gnomes le remède à condition qu’ils viennent les servir.]

- Vivre au service des ogres, ce n’est pas vivre ! s’insurgea Oralie.

- Amusant ! Peut-être que mourir de maladie l’est moins, ironisa Fintan.  Le choix appartient aux gnomes, vous avez une semaine.

Il sauta - non sans avoir jeté sa sphère de Grand Brasier vers le Conseil.

- Le projet de ma mère, murmura Keefe.

Il tremblait comme une feuille, au bord de l’évanouissement, la peau froide et les yeux vitreux.

- Qu’est-ce qu’il a ? demanda Fitz.

- Il est en état de choc, nous devrions y aller, déclara Timkin à la place de la Ténébreuse.

[Timkin les emmène chez lui. Il allonge Keefe sur le canapé.]

Wylie s’agenouilla au chevet de l’Empathe et lui prit la main.

- Tout va bien se passer, lui souffla-t-elle.

Il ne réagit pas. Stina arriva, accompagnée de Marella.

- Qu’est-ce qu’il a ? s’enquit Marella.

- Je n’en sais rien, avoua Wylie.

- Elwin arrive, annonça Timkin, armé d’une couverture.

Il lui la tendit à Wylie qui couvrit l’Empathe. Le père de Stina posa une main sur son front pour vérifier sa température.

- Regardez qui a besoin de son médecin traitant à son retour ! Oh, Wylie, comment vas-tu ?

- Je vais bien, Elwin, mais ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question.

- Ah oui, où avais-je la tête ? 

Il commença à poser des questions tout en auscultant son patient.

- Alors, quel âge as-tu, maintenant ?

- Dans deux mois, j’en aurai quinze.

- Tu as déjà fait le questionnaire des Entremetteurs ?

- Je suis bannie, Elwin.

- Ah, c’est vrai. Tu avais quel âge quand tu es partie ?

- Trois ans et demi.

- Ça fait longtemps que je ne t’avais pas vu. Même si j’aurai préféré que ce soit dans d’autres conditions.
- Est-ce qu’il a l’esprit brisé ? demanda Fitz en regardant en biais Wylie.

Si Keefe avait l’esprit brisé, alors, qu’en adviendrait-il de Wylie ? Elle avait déjà perdu son père, si…

- D’un point de vue médical, c’est impossible à savoir.

- Je vais vérifier, déclara Wylie.

- Mais, ça te… enfin, tu sais, si il l’a, tu pourrais…

- La sombrune ne peut être affectée par des déséquilibres cérébraux. Or, c’est elle qui me permet de rentrer, je ne risque rien.

- Sers-moi le bras s’il y a un problème, dit Elwin en lui tendant le sien.

Wylie posa une main sur le front du blond aux yeux bleus glacés et l’autre sur le bras du Flasheur.

- Je rentre, Keefe, murmura-t-elle.

[Souvenir où Keefe surprend sa mère avec Ruy et Brant.]

- Il se souvient d’un souvenir effacé à la demande de sa mère. Son cerveau le repasse en boucle, il est bloqué dessus. Il lui faut du temps pour récupérer.

- Dans ce cas, fais-lui ingurgiter ça, dit le médecin.

Wylie souleva la tête de Keefe et ouvrit sa bouche pour verser le liquide violet dedans.

[24h plus tard.]

Wylie se réveilla en sursaut. Keefe était en train de marmonner :

- Wylie…

Elle le secoua légèrement pour le sortir des vapes. Il cligna violemment des yeux, qui n’étaient plus habitués à la lumière.

- Tu vas bien ? demanda-t-elle, anxieuse.

- Je crois que oui, dit-il d’une voix pâteuse.

Elle le sera fort dans ses bras.

- J’ai eu peur que tu aies l’esprit brisé… murmura-t-elle.

Keefe la repoussa, un peu trop brusquement.

- Ne t’approche pas de moi.

Les yeux de Wylie s’emplirent de larmes. Raaaah, il était toujours obligé de se comporter comme un crétin ?

- Non, attends, c’est pas ça, c’est que… Ma mère s’est servie de moi durant toutes ces années. Et si elle voulait te faire du mal, elle se servirait de moi, alors je pense que…

- Je peux me défendre toute seule, Keefe.

- Si il t’arrive quelque chose…

- Ça n’arrivera pas, assura Wylie.

Elle s’assit à côté de lui et laissa sa tête se poser contre son torse. Keefe l’enveloppa de ses bras et lui dit :

- Merci.

Partie 15[]

[Minuit.]

Keefe descendit lentement mais surement les escaliers. Il n’avait plus qu’à traverser la cuisine. Il se figea lorsqu’il se rendit compte que la lumière y était allumée. Il ouvrit doucement la porte. Personne en vue. Il avança sur la pointe des pieds jusqu’au milieu de la pièce. Sur le canapé, il y avit quelqu’un, enfouit sous les couvertures. Il se mordit la lèvre en maudissant sa curiosité et la saisit pour l’abaisser. La personne endormie se retourna. C’était Wylie. Elle dormait. Et mince. Elle ouvrit soudain les yeux avant de plaquer Keefe contre le mur.

- On fait une petite virée nocturne ? demanda-t-elle, un sourire narquois sur ses lèvres.

- Oui, je voulais…

- Ne t’avise pas de me mentir, dit-elle d’une voix tellement coupante que Keefe n’eut pas le courage de répliquer. Tu crois vraiment qu’avec une peluche en forme de gulon et des explosifs, tu pourras voler des ogres ? Tu es débile ou quoi ?

- Non, mais c’est juste que… je dois rattraper ce que ma mère a fait. Mais tu peux me reposer par terre, maintenant ?

La jeune fille, qui avait soulevé le jeune homme d’une seule main par le col, le posa avant de dire avec sa voix habituelle :

- Ce n’est pas ta faute, Keefe. Ne pars pas. Tu te ferai tuer.

- On n’a qu’une semaine, lui rappela-t-il.

- Donne-nous 24h. On va trouver une solution mais ne fait pas de bêtises. Pour moi, fini-t-elle en lui tendant la main.

- Très bien, 24h, soupira Keefe.

- Et ne t’avise pas de nous faire un mauvais tour, je t’ai à l’œil, menaça la Ténébreuse.

- Oui, très bien, de toute façon, qui voudrait contrarier Mademoiselle Ténèbres ?

Wylie sourit au surnom.

- Vas te coucher.

- D’accord. Bonne nuit, dit-il avant de l’embrasser.

[Le lendemain.]

- Alors, de un, il nous faut un guide, de deux, il nous faut un plan de secours si on est démasqués, de trois, on doit avoir des déguisements et un moyen de nous camoufler, et… ah oui ! Il faut qu’on parvienne à camoufler notre odeur. Je crois que j’ai tout dit, non ? s’enquit Wylie en se tordant les mains.

- Oui, mais si tu continues comme ça, tu vas te faire des entorses aux poignets, dit Keefe en désignant les mains de la ténébreuse, non sans se faire foudroyer du regard par celle-ci.

- Non, tu as oublié le fait que si on se fait choper, comment on se défend ? dit Biana, perplexe.

- Tu n’imagines pas l’étendue du pouvoir de Wylie, déclara Forkle. Elle a déjà eu affaire à des ogres, ça ne va pas être compliqué.

- Ah oui ? À quelle occasion ? s’étonna Fitz.

- On a plus urgent à faire que de savoir quand et comment j’ai démonté la colonne vertébrale d’un ogre.

- Maintenant, j’ai vraiment envie de savoir ! dit Dex avec l’approbation des Vacker.

- On a des gnomes à sauver, coupa-t-elle d’une voix sans réplique.

- Oui, tu as raison, approuva Sophie. Pour commencer, il y a déjà la question du guide. Qui connait quelqu’un qui pourrait nous mener à travers Ravagog ?

- Il y a Alvar et Lady Cadence, mais elle est encore plus flippante que les ogres, fit remarquer Keefe.

Voyant leurs amis frissonner de la tête aux pieds, Wylie demanda, le visage perplexe :

- Elle est si terrible que ça ?

- Oh, tu ne peux pas avoir idée ! Mais là n’est pas la question. C’est sûr qu’elle ne voudra pas. Il ne reste plus qu’Alvar, conclu Dex.

- Même si on a un guide, ce qui n’est pas sûr, je tiens à le préciser, question discrétion, on fait comment ? demanda Sophie.

- Tout dépend du nombre qu’on sera. (Devant l’air inquisiteur de ses amis, elle soupira.) Comme ça.

Elle s’empara de son ombre et se couvrit d’elle. Deux secondes plus tard, elle avait disparu.

- C’est de l’anti-éclipse. Je ne pourrai pas vous expliquer le concept en lui-même, tout ce que je peux vous dire, c’est que je ne peux faire disparaitre que six personnes. Il me faudrait l’aide de quelqu’un. Comme…

- Hors de question d’emmener Mister Frangette, bougonna Keefe en croisant les bras.  

- C’est notre seul solution, on pas d’autre choix ! C’est toi qui veux absolument qu’on fasse tout le plus vite possible, je propose ce qui est possible ! Si on avait plus de temps, j’aurai demandé à d’autres membres de nous aider mais ce n’est pas possible.

- Reste à savoir s’il est d’accord, résuma Biana.

- Il faut régler tous les autres problèmes, et seulement après il faudra solliciter les aides. On doit tout préparer dans les détails et après on demande à Alvar et aux jumeaux. Si ils nous posent des questions et qu’on pas de réponse, ça va être encore plus compliqué de les convaincre, remarqua Wylie.

- Tu as raison, concéda Fitz. Mettons-nous au boulot.

Après deux heures de préparation, Forkle résuma le plan :

- L’équipe sera composée d’Alvar, Biana, Fitz, Sophie, Keefe, Dex, Tam, Linh, Calla et Wylie. Pour les déguisements, vous allez utiliser les robes des Invisibles, Calla est en train de les finir. Lady Cadence va nous prêter sa chaine de reconnaissance.

- Au fait, pourquoi Wylie ne pourrai pas se téléporter directement à Ravagog et voler l’antidote ?

- Nous n’avons pas de plan de la ville, il faut déjà que j’ai vu l’endroit pour m’y rendre et aucune idée de où il se trouve, argüa l’intéressée. De toute façon, je pourrai aussi bien me téléporter sur la tête d’un ogre que sur le trône, alors mieux vaut oublier cette option.

- Oui, tu as sans doute raison, concéda Fitz.

- Voilà beaucoup d’informations à digérer en cinq minutes, remarqua Tam. Donc, si j’ai bien compris, tu comptes sur moi pour emprunter un tunnel secret vers Ravagog pour voler un antidote pour les gnomes au roi des ogres ?

- C’est ça, admit Wylie. Mais il n’est peut-être pas sous la surveillance de Dimitar. On n’est pas certains de sa position exacte.

- Excellent, ironisa Tam. Moi qui croyais la mission impossible.

- Rien n’est impossible avec une bonne équipe. Je suis sûre que, tous les deux, on pourra y arriver. Mes ombres ne pourront pas couvrir tout le monde, c’est pourquoi je te demande de l’aide. Les tiennes pourraient couvrir le reste de l’équipe.

- Pas sûr. Je n’ai jamais couvert que deux personnes à la fois.

- Et si j’épaississais les ombres avec de la brume ? propose Linh.

- Ça pourrait marcher, concéda Wylie. L’illusion ne sera pas totale, mais ça devrait être suffisant si on se tient à distance des ogres.

Tam resta silencieux.

- Le danger demeure, bien sûr, mais nous n’avons pas d’autres choix. S’il te plaît, dit la Ténébreuse en serrant la main de Tam.

On entendit Keefe grogner.

- Une chose m’échappe, pourtant. D’après vous, les gnomes connaissent déjà l’efficacité du remède, non ? Alors pourquoi nous laisser une semaine ?

- C’est d’un point de vue stratégique, je pense.  Les ogres espèrent peut-être que le Conseil s’en mêle, mais les Invisibles nous espèrent, nous, répondit M. Forkle.

- Ça pourrait être un piège, alors ? s’enquit Biana.

- …. Oui.

- Dans ce cas, pourquoi y aller ? demanda Tam.

- Les gnomes de Bois-Sauvage ont pris soin de nous pendant des années. Je vous suis, peu importe les risques.

- Dans ce cas, moi aussi, grommela Tam, malgré tout avec un sourire en coin.

- Alors bienvenue dans l’équipe, déclara Wylie.

Quand ils arrivèrent dans la salle commune, ils y découvrirent Alvar.

- Oh ! Je vois de nouvelles têtes ! déclara-t-il après avoir embrassé sa sœur.

- Alvar, je te présente Wylie, Tam et Linh.

- Wylie ? Wylie Endal ?

- Oui, ça te pose un problème ? demanda-t-elle sèchement devant le regard mauvais de l’ainé des Vacker.

- Excuse-moi, c’est juste que comme mon père a failli… enfin, tu comprends.

- En effet, et tu m’excuseras de ne pas avoir à m’excuser sur le fait que mon père a subit un brise-mémoire injustement et que tu le tiennes responsable de ce qui est arrivé au tien. Je crois que ça devrait être l’inverse, alors, tu pourrais bien la boucler si c’est pour nous reprocher quelque chose, à mon père et à moi.

Un silence gêné s’en suivi, interrompu par Keefe qui venait de débouler dans la pièce.

- Désolé, dit-il, tout essoufflé, j’ai… j’ai parlé au gnome qui faisait la ronde avec toi, Wylie, quand… quand il a vu ma mère… Je suis là !

Il passa son bras autour des épaules de la Ténébreuse.

- Salut, Alvar ! Ma nouvelle conquête ! Pas mal, hein ? demanda-t-il en faisant un clin d’œil au nouvel arrivant.

Wylie se dégagea et lui envoya un coup de genou dans l’entrejambe. Keefe se plia en serrant les dents pendant que les autres éclatèrent de rire.

- Tu m’appelles encore comme ça, t’es mort ! menaça Wylie.

- Ah ! Mes futurs enfants ! gémit Keefe.

Les rires des autres redoublèrent.

- Eh bien, ta petite amie a… une langue bien pendue. Et un genou qui se place très bien quand il le faut. Et un caractère dur comme l’acier. Je l’aime bien.

- C’est bizarre, je sens que ça n’est pas réciproque, ricana Keefe en se redressant. Désolé, je le ferai plus, dit-il sous le regard noir de sa copine.

- Peut-être que je ne t’aime pas, mais je suppose qu’il faudra bien que je te supporte si  on veut sauver les gnomes, soupira la jeune femme.

- Très bien ! Et vous, qui êtes-vous ? demanda Alvar en désignant les jumeaux.

- Tam et Linh. Nous sommes jumeaux, dit sèchement Tam, qui lui non plus ne semblait pas apprécier le frère des Vacker.

- Je suis Hydrokinésiste et mon frère est Ténébreux, dit précipitamment Linh.

- Oh, je vois, cela va changer la donne, dans ce cas-là.

- Au fait, je suis en train de me demander, est-ce que tu peux voir Wylie et Tam, Calla ?

D’un seul geste, les deux Ténébreux rassemblèrent les ombres et les collèrent sur eux. Deux secondes plus tard, ils avaient disparu.

- Non, je ne les vois pas. Enfin, un peu Tam, si. Mais Wylie, non.

- Comment ça se fait ? maugréa Tam en réapparaissant. 

- À force d’entrainement, tu y arriveras, lui assura son amie.

- C’est sûr que tu n’arriveras jamais à la cheville de Wylie, ricana Keefe. (Wylie lui lança un regard menaçant.) Enfin, si, tu y arriveras… dit-il en lui tapant « amicalement » l’épaule.

- Il faudra apprendre à vous supporter si vous voulez mener la mission à bien, prévint M. Forkle.

- Ce serait bien plus simple s’il accepterait de se faire lire, répliqua Tam.

- Tu peux toujours courir, dit Keefe en levant les yeux au ciel.

- Stop, gronda Wylie en faisant taire les deux garçons. Tam, je t’ai dit que je me portais garante pour Keefe, et toi, dit-elle en le pointant du doigt, cesse de te comporter comme un enfant.        

- N’empêche que je voudrais bien savoir si je peux faire confiance à celui-là, remarqua le Ténébreux en désignant Alvar.

Son ombre s’approcha de celui-ci, ainsi que celle de Wylie.

- Hors de question que vous me lisiez. Sérieusement, on ne rentre pas dans la tête des gens comme ça.  

- Amusant, venant de quelqu’un dont le père a assisté au brise-mémoire d’un autre, répliqua Wylie glacialement.

- Wylie, stop, ça suffit. Vous allez oublier vos parents pour le moment et vous concentrer sur la mission, coupa Forkle. Nous partirons demain matin, question de reprendre des forces, conclu-t-il, non sans recevoir un regard noir de Keefe. Des volontaires pour partager vos chambres ?

- Oui, je veux bien ! s’exclama Wylie. Ne me regarde pas comme ça, Keefe, je propose à Linh !

- Oui, je le savais, bougonna l’Empathe. Je veux bien partager, moi aussi. Mais pas avec Mister Frangette, dit-il précipitamment. Avec Alvar.

- C’est d’accord, concéda ce dernier.

- Tu peux venir avec moi alors, proposa Fitz à Tam.

- Entendu, accepta Tam.

Partie 16[]

[Tout le monde est couché.]

- Wylie ?

- Aaaaaah ! cria Wylie.

Elle était si surprise qu’elle glissa du pouf où elle était et se cogna la tête.

- Aie ! Mais Tam, qu’est-ce que tu fiches ?

- Toi aussi, tu n’arrives pas à dormir ?

Elle se redressa en se massant la tête.

- Oui, je crois que c’est assez flagrant quand tu vois ça, dit-elle en désignant le noir autour de ses yeux. Je fais des cauchemars. Comme une gamine.

- Sur quoi ? s’enquit le Ténébreux.

- Sur mes parents. Tu connais Prentice Endal ?

- Ah oui, c’était toi, qui avais blessé trois gobelins, non ?

- Oui, c’est ça, dit-elle en se massant le crâne.

- Tu as encore mal ? Désolé. Je vais regarder.

Il se leva et commença à tâter le crâne de la jeune fille. C’est à ce moment que choisi Keefe pour arriver. Il écarquilla les yeux, la bouche ouverte. Wylie se dégagea précipitamment de Tam et couru vers l’Empathe.

- Attends, Keefe !

Il était déjà parti.

[Chambre de Keefe.]

Quelqu’un toque à la porte. Keefe marmonna un « oui » peu chaleureux. Wylie ouvrit la porte et la referma derrière elle lentement pour ne pas réveiller les autres. L’Empathe, qui avait le dos tourné, se contenta de l’ignorer.

- Keefe ?

- Quoi ? dit-il en brusquement en se retournant. 

Il avait les yeux rougis. Il avait pleuré. Wylie posa délicatement ses mains sur les joues du jeune homme.

- Il n’y a rien entre nous. Rien. Je te le promets.

- Ah oui ? Permets-moi d’en douter, dit Keefe avec un regard qui blessa la jeune fille.

Elle murmura :

- Je pensais que tu comprendrais. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un de mon âge comme moi. Je n’ai jamais pu partager quoi que ce soit parce que je ne suis jamais allée à l’école. Je n’ai jamais rencontré des gens de mon âge à par vous, et que je rencontre un Ténébreux, c’était tellement inouï ! Je veux simplement avoir un meilleur ami. Et je ne peux pas choisir entre vous deux.

Keefe n’avait pas vu la situation de ce point-là. Il s’avança vers elle et la prit dans ses bras.

- Je me suis comporté comme un imbécile, je suis tellement désolé ! Je fais vraiment un petit ami horrible…

Wylie releva la tête. Keefe déposa ses lèvres sur le front de la Ténébreuse.

- Je suis désolé, je crois je suis sur les nerfs depuis… je n’ai même pas d’excuses. Je suis vraiment le pire des cons ! lâcha-t-il.

- Non, ne dis pas ça, rigola la jeune femme. Je comprends. Mais je t’en supplie, essaie de supporter Tam !

L’Empathe plongea son regard bleu glacier dans   yeux violets de la Ténébreuse.

- Pour moi… termina-t-elle.

- D’accord, s’il en fait de même !

- J’irai lui parler, assura Wylie.

- Qu’est-ce que je peux faire pour me racheter ? s’enquit Keefe.

- À ton avis ? dit-elle avec un sourire.

Il approcha son visage de Wylie et l’embrassa. Keefe perdit ses mains dans ses cheveux pendant qu’elle passa ses mains sur son torse. Ils se séparèrent pour reprendre leur souffle.

- Excusé, dit Wylie en l’embrassant à nouveau.

[Le lendemain matin.]

- Pourquoi ne laisse-t-on pas les racines nous porter à Ravagog ? demanda Keefe tandis qu’ils se frayaient un chemin dans le tunnel.

- Pour la même raison que nous ne les avons pas empruntés à Exil, répondit Calla.

- Et puis-je la savoir ? s’enquit Wylie, rappelant à tous qu’ils l’avaient laissée seule pendant qu’ils tentaient de récupérer son père.

- Avec des racines anciennes, on ne pourra faire le trajet qu’une seule fois. Mieux vaut les garder pour le retour, expliqua Calla. (Quelques minutes plus tard :) Nous nous approchons de la surface.

- Je pars en éclaireur, annonça Alvar. Je viens vous chercher quand la voie est libre.

Il s’éclipsa après que Calla ai ouvert la terre. Fitz proposa de l’eau à qui en voulait et Keefe lui sauta presque dessus pour s’emparer de la gourde et de la vider.

- À votre place, je ne boirais pas l’eau, prévint Linh en recueillant de l’eau dans le creux de sa paume. Elle n’est pas normale.

- Désolé, marmonna Keefe. Je vous en aurai laissé, si j’avais su.

Tam se rapprocha de Wylie pour croiser son ombre avec la sienne.

- Tu lui fais confiance, toi ?

- À Alvar ? Pas vraiment, non…

- Oui, aussi, mais je te parle de ton petit copain. Il me cache des choses, et je n’aime pas ça.

- Je sais à quel sujet. [Elle lui expliqua le lien entre Lady Gisela et les Invisibles.]

- Oh, je comprends mieux, maintenant.

- Je sais que vous parlez de moi, prévint Keefe à la grande surprise de Wylie. Vous pourriez m’ajouter à la conversation ?

- Je lui demandais juste pourquoi son petit ami passait plus de temps à s’occuper de ses cheveux que la plupart des filles.

- Je rêve, ou tu viens de te moquer de mes cheveux ?

- Vous aurez plus si vous la fermez pas, vociféra Wylie à voix basse. Je vous rappelle qu’ils sont justes au-dessus de nous.

- La voie est libre, annonça Alvar qui venait de réapparaitre.

Tam rassembla les ombres autour de lui pour les couvrir avant de tout lâcher.

- J’y arriverais jamais, maugréa-t-il.

- Non, regarde, tu mets trop tes épaules en avant, dit Wylie en se plaçant derrière le Ténébreux.

Elle posa ses mains sur celles-ci et les tira vers elle pour redresser le jeune homme.

- Là, tu vas y arriver.

Les deux Ténébreux formèrent une enveloppe, accompagnée d’un soupçon de brume grâce à Linh tandis que Keefe marmonna dans sa barbe : « crétin à frange argentée », non sans se faire foudroyer du regard par Wylie. Ils avancèrent longtemps jusqu’à atteindre un pont.

- Le pont est toujours aussi bien gardé ? s’enquit Sophie.

- Non, murmura Alvar. Ils nous attendent, si vous voulez mon avis.

- Comment on va traverser, alors ? demanda Fitz.

- Wylie, tu pourrais épaissir tes ombres ?

- Oui, mais on ne passera jamais tous ensemble, regarde le schéma de leur défilé. On ne peut pas se séparer, ça, c’est clair et net.

- Et encore, le pont, c’est le plus facile, fit remarquer Dex.

Il désigna l’autre rive, nue de toutes choses susceptibles de les cacher.

- On pourrait traverser à la surface de l’eau, suggéra Linh. Je ne peux ni la soulever ni la fendre, mais si je me rapproche, je pourrais peut-être trouver un autre moyen.

- Calla, tu vas bien ? s’inquiéta Sophie en s’approchant de la gnomide.

- Les panaciers. Je sens leur présence. Les racines, précisa-t-elle quand les autres levèrent la tête pour vérifier.

- J’ai trouvé un passage ! s’exclama Linh à voix basse. Marchez sur mes traces, et tâchez de ne pas tomber.

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, Wylie avait encore moins d’équilibre que Sophie. Elle suivi Linh, maintenant les ombres avec Keefe derrière elle, ses mains sur ses hanches pour l’empêcher de tomber, suivi de Biana, Dex, Sophie, Fitz, Tam, Calla et Alvar. Quand ce dernier atteignit l’autre rive, l’Hydrokinésiste tomba à genoux, aussi verte que l’eau.

- Je dois me reposer quelques secondes, ça va aller, assura-t-elle.

- Une minute, pas plus, déclara Alvar. À partir d’ici, ça se complique. Biana, reste invisible, Wylie et Tam, tâchez de bien couvrir les autres. Serrez bien vos capuches. Marchez avec assurance. Si on vous démasque, fuyez. Utilisez vos talents, faites le nécessaire. C’est compris ?

Tous acquiescèrent.

- Bien. Sophie, veille à rester au milieu pour bien disperser l’essencire.

Cette dernière s’exécuta. Dix minutes plus tard, ils arrivèrent à la Triade. Sophie transmit le plan à tout le monde et Keefe parla à Dimitar pendant que Sophie et Fitz rentrèrent dans son esprit.

Partie 17[]

[Quelques minutes plus tard.]

- ALERTE ROUGE, GO ! s’écria Dex en jetant un de ses cubes aux pieds du roi des ogres.

Wylie se propulsa sur l’estrade. D’une ombre, elle attrapa Biana et Keefe pour les ramener derrière elle. Elle s’empara des ombres des deux ogres gigantesques pour les attraper au niveau des chevilles comme des lassos. Elle tournant sur elle-même pour les lâcher comme des vulgaires poupées de chiffon. Elle tenta de faire de même avec le roi Dimitar avant qu’un ogre ne la prenne par le cou et commence à le serrer. Son visage virait au violet quand Keefe bondit sur l’ogre et lui envoya une succession de coups fourrés. L’ogre lâcha prise et Wylie tomba lourdement à terre.

- Tu vas bien ? s’inquiéta Keefe en voyant la jeune fille, secouée d’une toux violente avant de lui tendre la main.

- Ah oui, ça va super ! railla-t-elle en la saisissant.

- On court ! hurla Tam.

Ils coururent aussi vite que possible avant que deux ogres ne leurs barrent la route. D’un geste de bars, Wylie s’empara de leurs ombres et les ramena à elle avant de les propulser sur eux à la manière d’un jet d’eau qui leur fit tomber dans le fleuve.

- On saute…. Maintenant ! annonça Sophie.

Keefe prit brusquement la main de Wylie. Ils bondirent tous ensemble et atterrirent sur l’autre rive.

- Tu as des hématomes, firent remarquer Wylie et Keefe mutuellement en cœur.

- Les miens sont moins pires que les tiens, assura Keefe. Hé !

Il retint la Ténébreuse qui avait les jambes qui se dérobaient sous elle. Elle était d’une pâleur effrayante, qu’il l’était encore plus quand on se rappelait qu’elle était mate de peau.   

- Je ne vais pas tenir encore très longtemps, lâcha-t-elle en désignant l’autre rive.

Keefe se retourna. Wylie avait créé un mur d’ombres qui séparait Ravagog en deux, et qui faisait que les ogres ne pouvaient les rejoindre.

- Tu vas t’épuiser et ne plus avoir la force de marcher, si tu continues ! Il faut lâcher !  Attention, ils arrivent ! cria-t-il aux autres.

- À moi, alors ! s’écria Linh en faisant noyer la grève et entrainer les ogres dans le canyon, non sans emmener les Vacker et Calla avec. Les autres se précipitèrent vers eux après que l’Hydrokinésiste les ai dévié de la trajectoire de l’eau.

- Tout va bien ? demanda Sophie.

- Je crois que oui, répondit Fitz.

- Où est Alvar ? demanda une Biana inquiète.

- Je suis là ! Et j’ai récupéré ceci ! déclara ce dernier en désignant le coffre argenté à ses pieds.

- DOIS-JE VOUS RAPPELER QUE MA SŒUR EST EN TRAIN DE RETENIR UN RAZ-DE-MARÉE ? vociféra Tam.

- On ne pourra jamais atteindre le tunnel, murmura Sophie.

- Non, tu crois ? ironisa Alvar. Mais c’est toi la surdouée en planification, non ? Tu vas trouver une solution, pas vrai ?

- Toi, tu la fermes, gronda Wylie d’un regard si menaçant qu’Alvar recula d’un pas.

- Et si on lâchait le raz-de-marée pendant qu’on est sur le pont, on survivrait ? demanda la Télépathe à Dex.

- Oui, je pense, dit Dex.

- Attends, si je récapitule, tu nous proposes de lâcher le raz-de-marée afin de détruire le pont, avec nous dessus, dans l’espoir de ne pas se faire écrabouiller par les débris ? résuma Keefe.

- Oui, c’est ça, admit Sophie.

- On pourra s’accrocher aux débris, justement, pour les utiliser comme radeaux, proposa Fitz.

- Linh, le moment est venu d’inonder une autre ville ! Profites-en pour tout détruire, cette fois !

Ils atteignirent le pont juste avant que la vague ne le frappe de plein fouet.

- C’est pas pour vous inquiéter, mais comment on fait pour ouvrir les portes ? cria Keefe, cramponné à Wylie comme si sa vie en dépendait (ce qui est un peu le cas).

- Il faut sauter ! J’amortirai la chute ! hurla Linh.

Ils plongèrent tous d’un même geste. Remontés à la surface, Keefe hurla :

- ON EST VIVANTS !

- Et les autres ? paniqua Wylie en regardant autour d’elle.

- Je les vois ! Linh est en train de stabiliser leur radeau.

- Tu aurais dû rester avec eux au lieu de me coller comme un koala ! 

- Penses-tu ! Je préfère rester avec toi ! dit-il en s’asseyant sur leur radeau de fortune.

Ils restèrent là, front contre front attendant que leur rythme cardiaque se stabilise jusqu’à ce que leur radeau trouve la terre ferme.

Ils s’assirent sur un morceau de pont. Wylie posa sa tête entre le cou et la nuque de l’Empathe tandis qu’il enfouit son visage dans ses cheveux mouillés.

- Comme ils sont mignons ! s’exclama Alvar, suivi de Sophie, Fitz, Dex, Biana, Tam, Linh et Calla. Heureusement qu’on a atterri à Bois-Sauvage, on peut directement donner l’antidote.

[Sophie explique que le coffre contient une molécule qui devait contaminer les Cités Perdues.]

- Je le savais, déclara Calla. Je l’ai compris dans le chant des panaciers. Le remède est dans leur fleur, et non dans leur écorce. Mais tout espoir n’est pas perdu. Je vous expliquerai plus tard.

- Au fait, Sophie, tu as trouvé quelque chose sur ma mè… Wylie ! s’exclama Keefe en rattrapant la Ténébreuse.

Il lui enleva son bras, plaqué contre son abdomen, où résidait une large blessure.

- Je pensais pouvoir arrêter l’hémorragie, s’excusa-t-elle d’une voix pâteuse. 

- Je crois que cela va nous arranger ! Je regrette à le dire, mais vous nous auriez grandement compliqué la tâche en étant apte à combattre… dit une voix reconnaissable entre toutes derrière eux.

Ils firent volteface pour découvrir Brant et Fintan, chacun tenant une sphère de Grand Brasier. Ils créèrent une cage autour d’eux, qui les empêchaient de s’enfuir.

- Je voulais un peu parler, après avoir tué mademoiselle Endal, mais ça ne sera malheureusement pas nécessaire. L’enzyme qui a infecté sa plaie va la tuer par l’intérieur. Mais ce sera jouissif de vous voir mourir lentement. Quand à vous, Alvar, ne pensez-vous pas que le moment est venu de choisir votre camp ? Rejoignez-nous ou trahissez-nous.

- Pardon ? s’étrangla Keefe, Wylie appuyée contre lui.

- Qu’est-ce que ça signifie ? demanda Fitz en s’éloignant de son frère avec Biana.  

- Ça signifie que votre frère est l’un de nos membres les plus jeunes qui se sont enrôlés dans notre organisation. Il a été d’ailleurs l’un de ceux qui ont programmé l’enlèvement de mademoiselle Foster et monsieur Diznee.

- Comment as-tu put faire ça ? murmura Biana.

- Un jour, sœurette, tu comprendras, je te le promets, assura Alvar.

- On y va ! cria Dex en créant une brèche dans la cage de feux.

Keefe passa un bras sous le cou de Wylie et l’autre sous ses genoux. Il la souleva et ils commencèrent à courir aussi vite que leurs permettaient leurs jambes. Sophie sorti son cristal de foyer et ils atterrirent à Havenfield dans le plus grand chaos. 

- VITE, APPELLEZ ELWIN ! hurla Keefe quand Grady et Edaline se précipitèrent dehors.

Elwin arriva dix secondes plus tard.

- Que s’est-il passé ? s’enquit-il en s’affairant autour de la malade. Non, plutôt, avec quoi s’est-elle infectée ?

- C’était une enzyme ogre, expliqua Linh. Les détails sont moins urgents.

- D’accord, je vais pouvoir y arriver. Keefe déboutonne sa chemise.

Ce dernier s’exécuta, les doigts tremblant. Il avait toujours vu une Wylie forte, pleine d’énergie, qui ne manquait pas de sang-froid et tenait tête à n’importe qui, mais il avait sur lui une Wylie au teint verdâtre, aux yeux qui se convulsaient et trempées de sueur. Il retint un haut-le-cœur en voyant la coupure. Elle était large de vingt « bons » centimètres, profonde d’au moins deux centimètres et recouverte de croutes et de pustules vertes. 

- Alors, Wylie, si tu m’entends, ça va faire un peu mal, mais après ça ira mieux, d’accord ?

La Ténébreuse acquiesça, les yeux fermés et les dents serrées.

- Ok, quelqu’un lui prends la main, il vaut mieux qu’elle se défoule.

Tam et Keefe lui saisirent chacun une main.

- Je commence…

Wylie serra ses dents et les mains de ses amis, les larmes aux yeux. Keefe ravala les larmes qui lui brouillaient la vue.

- Arrête, stop, gémit-elle en pleurant. Stop, stop, stop, stop… ah ! cria-t-elle en serrant encore plus fort la main de l’Empathe et du Ténébreux.

- C’est bon, c’est fini… Il faut que tu ingères des élixirs, et tout ira mieux ensuite.

Après une demi-heure de soin intensifs, de regards inquiets et de cris de douleurs, Wylie était sur pieds, et, aussi surprenant que cela puisse être, ne ressentait plus aucune douleur. Le Comité arriva, accompagné d’Alden et de Della. La famille Vacker se fit un câlin et Keefe s’éloigna. Wylie le suivit et resta en retrait.

- Alvar était mon héros, murmura-t-il.

Wylie lui prit la main.

- Hier soir, il m’a dit que je lui ressemblais beaucoup.

- Il a aussi des qualités, Keefe.

- Je crois plutôt qu’il a voulu m’embrigader.

- Il te trouve doué.

- Tu as toujours réponse à tout, hein ?

- Je fais de mon mieux, dit-elle en souriant. À moins que ce soit à propos de ta mère…

- Peut m’importe de ce qu’il lui arrive, s’emporta-il en fuyant son regard.

- Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas vrai, dit-elle en posant ses mains sur son torse. Cesse de te mentir à toi-même.

- Elle a perdu le droit que je sois peiné pour elle.

- C’est ta mère, Keefe.

- Tout me semble si nouveau… Il y a un an, je pensais que ma mère était un ange comparé à mon père et… dit-il, la gorge serrée.

- Je sais, murmura Wylie en se mettant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur le front.

- Qui aurait cru que Mademoiselle Ténèbres est aussi petite ?  Je ne l’avais jamais remarqué.

- Et comment dois-je le prendre, étant donné que ça fait un mois et demi qu’on se connait ?

- Eh bien…

- Keefe ? appela Alden. Je… voudrais-tu venir dormir chez nous si tu ne veux pas rentrer à Candleshade ?

- Je n’en sais rien, je vais... je verrai.

- Tu pourrais renter à Alluveterre avec moi, suggéra Wylie.

- Je préfèrerai si tu venais habiter chez moi, le temps que ta blessure se referme, dit Elwin.

- Mais je… commença la jeune fille.

- Je crois que tu as en effet besoin de faire une pause, Wylie, approuva Forkle.

- Et Keefe pourrait venir avec nous, proposa Elwin.

- Je retourne à Alluveterre ! protesta la Ténébreuse.

- Si tu ne veux pas rester avec moi, dit Keefe en soupirant exagérément. 

- C’est… oh et puis zut ! D’accord !

- Monsieur Elwin… excusez-moi, mais je me demandais si vous auriez de la place pour mon frère et moi… Nous n’avons nulle part où aller et…

- Bien sûr, Linh, avec plaisir ! Allez, on y va, je vais vous faire un plat d’exception !

- Pourquoi je crains le pire ? grimaça Wylie.

Partie finale[]

[Le lendemain, à midi.] [Wylie n’a pas vu Keefe de la matinée, il était avec Sophie et le Conseil pour parler des alicornes. Elle ne pouvait pas venir car elle avait entrainement avec Tam.]

Quelqu’un toqua à la porte.

- Oui ?

- C’est Sophie.

- Oh, vas-y, rentres.

La porte s’ouvrit sur une Sophie mal à l’aise. Wylie fronça les sourcils.

- Keefe n’est pas avec toi ?

- C’est… c’est justement ça le problème.

- Il lui est arrivé quelque chose ? S’il te plait, dis-moi qu’il va bien…

Linh et Tam rentrèrent dans la chambre, leur regard remplis de tristesse.

- Il faudrait mieux que tu t’assoies, proposa Linh en lui prenant la main.

La jeune Ténébreuse s’exécuta.

- Où est Keefe ?

- IlarejointlesInvisibles…

- Pardon, mais je n’ai absolument rien compris.

- Il a rejoint les Invisibles…

Wylie écarquilla les yeux.

- Quoi ? dit-elle d’une voix blanche. Mais…

Sophie lui transmis la scène.

- Je suis désolée… murmura la Télépathe.

- C’est… dit la jeune fille en déglutissant péniblement.

Elle sentait les larmes lui monter. Elle les refoula et demanda :

- Comment a-t-il sut le mot de passe pour la cache de Kenric ? Personne n’était pas là quand je l’ai choisi, à part toi…

- Quand je lui ai dit que c’était toi qui l’avait choisi, il a tout de suite compris…

- Et quel était le mot de passe ? demanda Linh en pressant la main de son amie.

- C’était Keefe… murmura la Ténébreuse.

Tam sentit la colère monter en lui. C’était SON PRÉNOM que Wylie avait choisi et tout ce que ce débile avait fait, c’était les trahir pour rejoindre le camp ennemi ?

- Vous pourriez me laisser seule, s’il vous plait ? demanda-t-elle d’une voix blanche. Je… J’ai besoin de réfléchir.

- Bien sûr. Appelle-nous si tu as besoin d’aide, dit Tam en la serrant dans ses bras.

Ce geste les aurait tous surpris, y compris Tam, si le contexte n’était pas le même. Mais tout le monde savait qu’elle avait besoin de réconfort, aussi personne n’y prêta attention. Et Wylie passa le moment le plus atroce de sa vie.

Remerciments[]

C'est vraiment bizarre... J'ai commencé cette fanfic en novembre, un jour pluvieux où il n'y avait presque personne en permanence, tous mes amis étants déjà partis... Et maintenant, c'est fini...

Pour ce tome !!! Je vais continuer, et commencer l'écriture du tome "5" qui n'est en réalité que mon tome 2... J'espère que ça vous plaira toujours !!! Il y a bien une chose que j'ai apprise en écrivant cette fanfic, c'est que plus on écrit, plus on s'améliore. Alors, pour ceux qui veulent se lancer, allez-y, et au fil du temps, votre style d'écriture sera plus fluide, et lus elle le sera, plus ça plaira au gens !!!

Si vous voulez des conseils, je serai là. 

Merci pout tout, vous avez été les meilleurs. Merci à ma meilleure amie Jeanne pour son entrain débordant, à Clara pour ses cookies et ses câlins à chaque fois que j'en avais besoin... Merci à tout ceux qui ont cru en cette fanfic !!!

 Je posterai la première partie du nouveau tome vendredi 5 juin. J'espère que aimerez !!!

Merci encore pour tout...

Tome 5 : Projet Polaris[]

Partie 1 :[]

(Pdv Tam) 

- Si je m’attendais à ça, a murmuré Wylie en me lâchant la main.

Elle avait tous les droits d’être impressionnée : Foxfire était une structure immense. Je m’attendais à ce qu’elle ait changé, mais non. Bien que je n’aie fait que mon niveau 1, tous les détails de cette école étaient gravés dans ma tête. C’était un refuge, pour moi et Linh, quand nous étions encore chez nos parents. J’ai expliqué à Wylie tout ce qu’elle devait savoir et elle m’a écouté d’une oreille attentive. Dans deux semaines, c’était les examens. Et même si Magnat Leto nous avait promis qu’ils seraient arrangés en vue de notre situation, ça n’allait pas être de la tarte. On allait devoir travailler dur, et les deux seuls points positifs que j’ai trouvé au tableau est que de un, on allait évoluer du point de vue talent, et de deux, ça nous prendrait tout notre temps, et changer les idées de Wylie. Depuis que ce crétin d’Empathe était parti, ce qui fait une semaine, rien n’est pareil. Elle avait essayé de se comporter normalement, mais je voyais bien que ça n’allait pas. Elle n’esquissait que des sourires qui semblaient faux, et qui l’étaient, par ailleurs. Mais elle ne pleurait pas, ce qui était un bon point. Elle avait aussi et surtout une tête de déterrée, pardon pour l’expression. On aurait dit un panda, avec ses cernes énormes. Ses cauchemars reviennent. Avant-hier, j’ai demandé à Sophie de venir pendant qu’elle dormait pour voir quelle sorte de cauchemar elle faisait. Ne me jugez pas trop vite, ça vient. Une image. Une image fixe. Un arbre haut et élancé au feuillage jaune et hirsute et aux fleurs bleu glacier, à côté de celui de Kenric, Cyrah et Prentice. De tous ceux qu’elle avait perdus. Je ne lui en avais parlé, mais je comptais bien le faire. On essayait de la divertir, avec Linh. Ma sœur était devenue sa confidente. J’étais heureux qu’elles se soient rapprochées. Puissantes et fragiles à la fois. On s’entrainait tous les jours, ça lui remontait le moral. On était arrivé plus tôt pour que Leto nous explique comment allait se dérouler les cours. Par « on », je veux dire moi, Linh, Wylie, Fitz, Sophie, Biana et Dex. Notre petit groupe est rentré dans le bureau du principal.

- Bien, vous êtes tous là. Nous devons énoncer quelques points avant que vous commenciez votre scolarité pour certains, et la continuer pour d’autres.

- On est déjà été à Foxfire, ma sœur et moi, j’ai dit entre mes dents.

- Oh, oui, excusez-moi, Monsieur Song. Alors, de un, vous ferez vos cours par groupe, et non individuellement. Ainsi, Biana, Dex et Sophie auront leur cours en même temps, et de même pour Tam, Linh, Wylie, Fitz et K… Enfin, vous quatre.

J’ai vu Wylie serrer ses poings. Il fallait vraiment que cet abruti remue le couteau de la plaie ?

- De deux, pour Wylie et Tam, vos cours de talent seront ensemble, et ce sera la même chose pour Sophie et Fitz. De trois, il faudra que vous soyez les plus discrets possibles. Les parents ont eu vent de ce qu’il s’est passé à Ravagog, et ils ne seraient pas très contents de savoir que vous fréquentiez leurs enfants.

- Quelle bande de pourris, a soufflé Wylie.

Leto a éclaté de rire.

- Vous les gamins, vous allez aussi devoir faire attention à comment vous parler.

Nous avons tous sursauté, à part Wylie.

- Forkle ? a demandé Sophie.

Le Magnat a acquiescé avant de rajouter :

- Bonne rentrée à vous !

[Deux semaines plus tard, à Havenfield.] (Pdv Linh)

- Non mais vraiment, je vais le tuer ! a vociféré Grady.

Bien que je ne le connaisse pas très bien, il avait l’air vraiment très très trèèèès en colère. J’étais assise à côté de Wylie qui, silencieuse, enlevait les éclats de verre de ses cheveux avec mon aide.

- Je vais bien, a assuré Sophie. Et Keefe a agi pour nous prévenir.

À la mention du nom de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, les mains de Wylie se crispèrent mais elle fit comme si de rien n’était. Elle était à la recherche de Sophie quand les vitres du bureau de Foxfire avaient explosées, c’était donc la seule qui avait été touchée.

- Ça n’excuse pas la destruction de Foxfire ! avait-il répondu, au bord de l’explosion. Si tu le revois, Sophie, je veux que le frappe de toute la puissance de ton instillation !

- Grady ! a soufflé Edaline, horrifiée.

Wylie s’est levée d’un bon et a planté son regard dans celui de l’Hypnotiseur.

- Dois-je te rappeler que Keefe fait exactement ce que TA FILLE a essayé d’accomplir ? a-t-elle grondé.

Grady a baissé les yeux. Je ne connaissais pas l’histoire en détail, mais Wylie avait raison. Sophie lui a tendu une boite en disant :

- Keefe m’a demandé de te donner ça, a dit Sophie en lui tendant une boîte bleue glacier en velours.

Wylie s’est laissée tomber sur le canapé en saisissant la boite. Elle l’a ouverte en déglutissant. C’était le plus beau collier que je n’ai jamais vu : C’était un cordon noir raz-le-cou, tout simple, avec un fermoir en argent, orné d’une seule perle où était dessinée une plume de phénix de la couleur des yeux de Wylie. Des larmes ont embués les yeux de notre amie. J’ai échangé un regard avec les autres et je me suis levée.

- Nous allons devoir y aller. Tu viens, Wylie ? j’ai dit en la sortant de sa transe.

- Oui, a-t-elle murmuré, à moitié autre part.

Nous avons sauté et elle s’est enfermée dans sa chambre. À l’heure du diner, Elwin nous a appelés pour manger. Je suis descendue avec Tam, à qui j’avais expliqué la situation. Elwin a froncé les sourcils quand il a vu que Wylie n’était pas avec nous.

- Où est Wylie ? a-t-il demandé.

- Je vais la chercher, j’ai annoncé en montant les marches quatre à quatre.

J’ai toqué à sa porte. J’ai entendu un « entre » et je suis rentrée. À ma grande surprise, elle n’avait pas pleuré. Elle portait le collier, et il lui allait vraiment bien.

- Il fait ressortir tes yeux, j’ai souris. Je suis sure que c’est ce que veut Keefe.

- Si tu le dis, a-t-elle dit en baissant les yeux.

- Elwin a préparé le diner, tu viens ? j’ai demandé.

- Oui.

Je me suis retournée et Wylie m’a pris mon poignet.

- Tu crois que c’est ma faute ? a-t-elle demandé, les larmes aux yeux.

Elle était tellement belle quand elle pleurait. Je comprenais pourquoi mon frère en a pincé pour elle au début.

- Non, Wylie. Certainement pas, je lui ai répondu en la prenant dans mes bras.

On est restées longtemps comme ça. Quand elle s’est détachée de moi, quelque chose avait changé dans son regard. Un poids sur ses épaules était parti. Elle a esquissé le premier sourire depuis que Keefe était parti et nous sommes allées manger. Le reste de la soirée s’est passé normalement.  

Partie 2 :[]

(Pdv Elwin)

     - Bonjour ! j’ai lancé. Oulà, vous avez mal dormi, vous.

Wylie, Tam et Linh avaient des têtes de zombie, comme dans les films humains.

     - Bonjour Elwin, merci du compliment ! a raillé la Ténébreuse.

Tam s’est frotté les yeux comme un enfant, ce qui m’a fait éclater de rire. Il avait l’air d’un adolescent gothique, avec son short-pyjama noir et son t-shirt où était inscrit « Fais de beaux cauchemars ! », un cadeau que je lui avais offert à sa rentrée à Foxfire. Linh avait le même où était écrit : « Douce à l’extérieur comme une princesse, forte à l’intérieur comme une guerrière ! », et celui de Wylie était marqué de « je ressemble à un panda, et alors, c’est mignon ! ». J’étais très fier de mes cadeaux.

     - On a eu du mal, c’est vrai, a admit Linh avec douceur. Ether a été très en forme, cette nuit !

     - C’est une sauvage, elle m’a déchiquetée les doigts ! s’est écriée Wylie en montrant ses doigts écarlates. Tu n’as vraiment rien entendu ?

     - Non, rien du tout.

     - Ben purée, a soufflé Tam. En tout cas, heureusement qu’on n’a pas école, aujourd’hui, parce que je serai déjà en train de dormir sur mon pupitre !

On entendu un gros boum. On s’est tourné vers Wylie, et on a éclaté de rire. Elle était tombée, et voulant se rattraper sur la table, son bol rempli de critionère lui était atterri sur la tête.

     - Génial, plus qu’à reprendre une douche, maintenant ! a-t-elle maugrée.

Tam lui a tendu la main pur l’aider à se relever, qu’elle a acceptée avant de remonter en haut.

     - Comme je le disais, heureusement qu’il n’y a pas cours aujourd’hui ! a rigolé Tam.

Mon transmetteur a sonné. J’ai répondu et Forkle est apparu.

     - Est-ce que Wylie est là ? a-t-il demandé brusquement.

     - Non, je vais la cherch…

     - Non, il vaut mieux qu’elle ne soit pas là. J’aurai besoin de vous ainsi que de Tam. Linh, venez aussi, on ne sait jamais.

[L’après-midi.] (Pdv Fitz)

     - Alors c’est là qu’habitait Keefe… a murmuré Wylie.

     - Je le vois très mal vivre ici, a déclaré Linh. C’est… déprimant. À se demander comment il a pu devenir bout-en-train et roi de la zizanie.

     - Moi-même, je me le demande encore, a soupiré une voix derrière nous.

Lord Cassius. Avec son sourire suffisant sur le visage. Wylie a reculé de deux pas, comme frappée par la foudre. Tam lui a prit la main.

     - Et bien, qui a-t-il, mademoiselle Endal ? a-t-il demandé d’une voix douce qui n’était pas le sienne.

     - Rien, c’est… Rien.

Je savais pourquoi elle avait fait ça. Keefe était le portrait craché de son père. Même yeux. Mêmes cheveux. Même sourire. Mais Keefe avait des yeux rieurs et charmeurs, des cheveux ébouriffés et des sourires contagieux. Son père avait des yeux froids et durs, des cheveux plaqués en arrière et des sourires crispés et faux. Mais les traits étaient les mêmes. La couleur des yeux aussi.

     - Au fait, comment connaissez-vous son nom ? j’ai demandé.

     - Tout le monde sait très bien qui est à l’origine de l’affaire Grondroiwan.

     - Pardon ? s’est étranglé Tam devant un nom si compliqué.

     - C’est long à expliquer, je vous en parlerai plus tard, a soupiré Wylie.

     - Et vous ? Qui êtes-vous ? a-t-il demandé en se tournant vers les jumeaux.

     - Je vous présente Tam et Linh Song, a présenté Forkle.

Cassius a grimacé.

     - Les jumeaux de Quan et Mai ? Eh bien, je ne savais pas que vous étiez comme mademoiselle Foster, mademoiselle Endal. Vos émotions ne sont… pas très amicales.

     - Je n’ai pas d’émotions amicales avec un crétin suffisant qui ne sait pas être un père, a-t-elle répliqué sèchement.

Houa. Bien lancé.

     - Suis-je en train de rêver ou vous m’avez traité de crétin ?

     - Oui, excusez-moi, j’aurai du dire… abruti, idiot, imbécile, débile, et… quels sont les mots humains déjà ? Ah oui. Vous êtes un gros connard de première.

Alors là, c’était du lourd. Du trèèèès lourd. Respect. Lord Cassius a serré les dents.

      - Je suis vraiment navré mais je ne crois pas que vous pourrez rentrer chez moi. Aucune personne m’ayant manqué de respect a franchi le seuil de notre porte.

      - Tant mieux, parce que je ne crois pas que je vais encore pouvoir blairer votre tête longtemps.

Et boum. Ok, j’arrête de me comporter comme un gamin.

      - Comment mon fils a-t-il pu tomber aussi bas en tombant amoureux de vous ? a-t-il dit en plissant ses yeux.

      - Vous ne pouvez pas parler, vous n’êtes jamais tombé amoureux. Je ne pense pas que vous ayez un jour su aimer quelqu’un. Même pas votre fils. Vous me dégoutez.

Sur ces paroles, elle a tourné les talons en déclarant :

      - Je vous attends à Havenfield, d’accord ?

      - D’accord, a soupiré Forkle. (Il s’est tourné vers Lord Cassius et a dit :) Excusez-moi. Elle est… tempétueuse.

Cela faisait dix minutes qu’on cherchait des indices, et toujours rien. C’est là que Tam m'a appelé.

      - Regarde, a-t-il soufflé en me tendant trois feuilles.

Des dessins. Beaux à couper le souffle. Le premier représentait Wylie et Keefe. Elle riait aux éclats, ses mains sur le torse de Keefe pendant qu’il lui embrassant le front, ses bras autour de sa taille. Ils portaient tous les deux l’uniforme de Foxfire. Le deuxième représentait Wylie seulement, une capuche noire sur la tête. Elle manipulait des ombres et « me » regardait d’un regard défiant. Le dessin avait un côté mystique, comme si il représentait une autre facette que Wylie cachait. Le dernier m’a fait monter les larmes aux yeux. C’était un Errant. Il était brun, avec des feuilles touffues par centaines, d'un brun plus foncé. Et, de toutes parts, il y avait des minuscules fleurs violettes et noires. L’Errant de Wylie.

Partie 3 :[]

[Chez Elwin.] (Pdv Elwin)

     - Allez, dis-moi qui c’est !

     - Hors de question !

     - Je ne dirai rien, promis !

     - Permet moi d’en douter, j’ai ricané.

Après qu’elle soit partie de Candleshade, Wylie m’a raconté la conversation, ou plutôt la dispute qu’elle avait eue avec Lord Cassius. C’était le jour de congé des gnomes, aussi je devais laver la vaisselle, et Wylie s’est jointe à moi pour m’aider. Elle a trébuché et je l’ai attrapée. Elle m’a regardé bizarrement, a reniflé en l’air avant d’écarquiller les yeux.

      - Tu as… c’est le parfum d’une… d’une…

Oui, bon, j’avais vu quelqu’un, et alors ? Elle a ouvert encore plus grand les yeux. Et depuis ce moment-là, elle me harcelait. Insupportable. Mais ça fait du bien, comparé à il y a une semaine où elle gardait le silence, le visage fermé. Mon transmetteur a sonné. Je me suis littéralement jeté dessus et ai décroché. Tam est apparu à l’écran.

      - Euh… Wylie, on est à Havenfield, tu viens ?

      - J’arrive tout de suite, a-t-elle répondu. Toi, tu ne perds rien pour attendre, m’a-t-elle menacé en me pointant du doigt après avoir raccrocher.

[À Havenfield.] (Pdv Tam)

      - Alors, qu’est-ce que vous avez trouvé ? a demandé Wylie en entrant.

J’ai échangé un regard avec Fitz. Non, on ne pouvait pas lui dire. Ça l’anéantirait complètement. Je me suis éclairci la gorge et je lui ai tendu le dessin de Lady Gisela.

      - On n’a aucune idée de ce que signifient les nombres, a déclaré Sophie, qui devenait de plus en plus mal à l’aise.

      - Ce sont des angles de sentier, a dit Wylie comme si c’était l’évidence même. C’est… Oh, non…

Son visage s’est décomposé. Son regard s’est posé alternativement sur Sophie et Dex.

      - J’ai déjà vu ses chiffres. J’ai déjà fait un cristal de saut avec ces angles pour Forkle.

      - Et ils mènent où ? s’enquit Biana.

      - À Paris, a murmuré Wylie en croisant mon regard.

Oh, non… Pas… pas ça…

      - Et alors ? Que s’est-il passé à Par… a commencé Fitz avant qu’une lueur de compréhension arrive dans ses yeux.

Sophie s’est écroulée à terre. Dex, livide, lui a pris la main en s’agenouillant près d’elle. Linh, elle, n’avait toujours pas compris. Wylie a alors dit à voix basse :

       - Ils mènent à l’endroit où Sophie et Dex ont été gardés quand ils ont été kidnappés.

Le transmetteur de Wylie a sonné. Elle a décroché. C’était son cousin, Marco, un élève de Foxfire des niveaux d’élite. Je crois que Linh a un faible pour lui, et que c’est réciproque. Il faudra que je mène mon enquête.

       - Salut Wylie ! Tu m’avais dit de te dire quand j’avais fini le bouquin, et c’est fait ! Tu pourrais me rapporter le deuxième ?

Wylie a jeté un regard vers Dex et Sophie.

       - Vas-y, Wylie. Ça va aller.

       - Vous êtes surs ?

       - Mais oui, vas-y. On va héler Forkle et il va nous emmener là-bas.

       - Bon, d’accord. J’arrive tout de suite, Marco, juste le temps d’aller chez Elwin récupérer la suite et je suis devant ta porte.

Sur ses mots, elle a raccroché, a serré un bref instant Sophie et Dex dans ses bras pour les réconforter, a salué tout le monde et s’est téléportée avec les ombres.

Partie 4 :[]

[Tour d’Argent.] (Pdv Marco)

Wylie a toqué à la porte. J’ai pivoté sur moi-même et je me suis levé en disant un « entre ! ». Wylie est apparue, un livre à la main. On s’est fait la bise et elle s’est assise sur mon lit.

      - Alors ? Comment ça va ?

      - Bien, et toi ?

      - Bien. Je te ramène le deuxième tome, je l’ai fini hier. Au fait, Maruca n’est pas venue hier, si ?

J’ai soupiré. Ma sœur devenait insupportable. Elle trouvait toujours une excuse pour ne pas venir à Foxfire. Et maintenant que j’étais au niveau d’élite, je ne pouvais plus la surveiller.

      - Je n’en sais rien du tout. Je ne l’ai pas vue ce week-end, elle était chez les Redek, avec leur fille, Marella.

      - Ne t’inquiètes pas, Marco, j’irai la voir.

      - Merci. Pour le bouquin et pour Maru…

Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase. Une bourrasque a ouvert la porte et nous a plaqués contre le mur. L’impact a été si fort, en tout cas pour Wylie, qu’elle s’est évanouie au moment du choc. On m’a plaqué à terre, donné un coup à l’arrière de la tête. Puis tout a viré au noir.

[Le lendemain matin.] (Pdv Linh)

J’ai froncé les sourcils en entrant dans la chambre de Wylie. Vide. Le lit était fait. Pas de mot sur le bureau, ce qui est le cas quand elle était en mission. Je suis allée dans la chambre de Tam, dans la salle de bain, salon, cuisine, jardin, j’ai hélé tout le monde, personne ne l’avait vue. Et j’ai entendu un râle.

       - Elwin ! Linh ! Tam ! a hurlé la voix.

C’était Wylie. Je me suis précipitée à la porte et j’ai découvert Marco et Wylie, allongé par terre, sanguinolents et inconscients. Wylie avait des crevasses ensanglantés et brulées, de la taille d’une paume de main. Marco en avait nettement moins, pour ne pas dire presque pas. J’ai hurlé le nom d’Elwin et il a déboulé en pyjama. Il a ensuite hélé Médoc qui est venue immédiatement. On a sauté à Alluveterre et on les a installés à l’infirmerie. J’ai appelé Tam qui était dans le jardin à s’exercer et il nous a aidés à leurs enlever les vêtements. J’ai hurlé de terreur en voyant Wylie. Les crevasses étaient partout, à part sous ses sous-vêtements. Marco n’en avait que dans les bras, ce qui était peut-être moins pire mais quand même effrayant. Trop de sang. Trop de gémissements. Je me suis évanouie dans les bras de mon frère.

***

(Pdv Fitz)

       - Je vous préviens, ça va être dur à regarder, a prévenu Forkle qui avait les yeux embués de larmes.

J’ai pris la main de Sophie et nous sommes entrés tous les deux. Mais rien ne me préparais à ce que j’ai vu. Je ne crois pas avoir la force de décrire les blessures que Wylie et Marco avaient subies. Linh était au chevet de Marco, qui avait les yeux ouverts mais qui n’arrivait pas à former le moindre mot. Notre amie formait des oiseaux pour lui remonter le moral. Tam était au chevet de Wylie, ses mains tenant les siennes. Il était livide.

       - Vous… vous pouvez ? a-t-il articulé péniblement.

Sophie et moi nous sommes approchés et avons posés chacun deux doigts sur les tempes de notre amie. Elle murmurait. Quand j’ai questionné Tam, il a soudain tremblé de fureur, son visage et son regard se durcissant pendant qu’il me disait :

       - Keefe.

Et merde. J’ai échangé un regard entendu avec Sophie et nous sommes entrés.

Tout était noir. Il y avait au loin une lueur. Nous nous sommes approchés et arrivés à cette lueur, nous avons trouvé Wylie. Elle devait avoir quatre ou cinq ans, et regardait avec attention un grand écran qui était à une centaine de mètres d’elle. Sophie s’est accroupie près de Wylie.

       - Marco va bien ? a-t-elle demandé d’une voix plus aigüe due à son jeune âge.

       - Oui, Wylie. Mais que s’est-il passé ?

       - Je… ça reste flou. Je n’ai vu aucun de mes ravisseurs. Juste entendu les voix.

Sophie a frissonné. J’ai serré plus fort sa main.

       - Il y avait Brant, Alvar… et je ne sais pas qui sont les deux autres. Il y avait un qui était Rafaleur, c’est lui qui m’a plaqué contre le mur. Avec le choc, je me suis évanouie et quand je me suis réveillée, j’ai senti une douleur effroyable.

Tu m’étonnes. La jeune Wylie s’est levé, a pris la main de Sophie de sa main droite et la mienne de sa main gauche et nous a emmené vers l’écran. Des souvenirs défilaient. Cyrah en train de s’évaporer. Prentice, dans sa cellule à Exil. Kenric, mort à Oblivimyre. Keefe pleurant la mort de sa mère. Nous huit, à Ravagog. Dimitar, un rictus plaqué aux lèvres, avant que son regard change. Un autre ogre, encore plus grand que Dimitar, allongé par terre dans une flaque de sang. L’écran s’est ensuite arrêté sur une scène. Wylie voyait un rayon lumineux, le brisa et sa mère apparut, avant de tomber au sol.

       - Wylie, tu… as tué ta mère ? a demandé Sophie, abasourdie.

       - Non, mais quelqu’un a voulu me le faire croire, a-t-elle dit en touchant l’écran. À un moment, ce souvenir a surgit.

Wylie lisait un livre, son doudou coincé sous son bras. Elle vit un rayon lumineux annonçant le retour de sa mère, et un sourire se forma sur son visage. Elle se précipita et vit sa mère. Vous savez quoi ? Je n’arriverais même pas à vous raconter ce qu’il s’est passé. C’était trop horrible.

       - Ça, c’est ce qui s’est réellement passé. Ce qui veut dire que quelqu’un a modifié mes souvenirs.

       - Mais qui peut faire ça ? s’enquit Sophie en se tournant vers moi.

       - Aucune idée, mais peut-être qu’un Télépathe…

       - Oui, tu as surement raison, a dit Wylie. Le tout est de savoir qui, en particulier.

       - Penses-tu avoir assez de force pour te réveiller ? j’ai demandé.

       - Oui, je pense. Si dans une minute, je ne suis pas là, revenez me chercher.

       - D’accord, a-t-on dit (Sophie et moi) en cœur.

Nous sommes sortis et avons compté les secondes. À la trentième, Wylie a ouvert les yeux en fronçant les sourcils. Tam l’a aidée à se relever pendant que Médoc lui faisait ingurgiter un tas de produit.

       - Alors… De quoi j’ai l’air ? a-t-elle demandé.

Voyant la grimace de Sophie, elle a soupiré :

       - Je ressemble à Deadpool, hein ?

Sophie a éclaté de rire.

       - Non, pas vraiment, mais comment tu connais ?

       - Mon père adorait les films humains. Notre Technopathe, Mécano, m’a fabriqué un ordinateur avec tous les films que je

voulais. Alors du coup…

       - C’est qui ce… dé-de-poule ? a difficilement articulé Tam.

Sophie et Wylie ont à nouveau éclaté de rire.

       - C’est un super héros, a expliqué Sophie. Comme… Superman, Ironman, Spiderman, Batman… Et on dit Deadpool, et pas dé-de-poule !

Après une longue discussion n’aboutissant à rien sur le fait de qui aurait pu modifier les souvenirs de Wylie, j’ai raccompagné Sophie à Havenfield.

Partie 5 :[]

(Pdv Sophie)

De la peau de selkie. Non mais je n’y croyais pas ! Il est irrécupérable.

       - Ah ! Vous êtes là ! J’ai failli attendre ! a dit une voix reconnaissable entre toutes.

Je me suis retournée pour découvrir Keefe, dans une cape avec l’insigne des Invisibles sur le bras. J’ai entendu Fitz grogner.

       - Qu’est-ce que tu as dit ? a demandé Keefe en croisant les bras.

       - J’ai dit que tu avais l’air bien décontracté alors que ta petite amie vient de se faire torturer.

       - De… de quoi est-ce qu’il… a bredouillé notre ami avant de croiser mon regard.

Keefe a violemment blêmi. Il s’est approché de moi et m’a secoué par les épaules, comme en proie de démence.

       - C’est… ce… Elle… elle va… elle est… n’est pas…

Je ne l’avais vu comme ça. L’évidence même m’a sauté au visage : il tenait plus à Wylie qu’à sa propre vie.

       - Elle va bien. Elle a des cicatrices qui… ne partiront pas dans le dos mais les autres blessures ne laisseront aucune trace, ai-je assuré.

Keefe a dégluti.

       - Nous savons que Brant et Alvar étaient dans le coup, c’est Brant qui l’a d’ailleurs brulée. Pour les deux autres, nous n’en avons aucune idée. Il y avait un Rafaleur, mais aucune information pour l’autre. Tu aurais une idée ?

       - Le Rafaleur, c’est sans doute Trix. L’autre doit surement être Ombre, a-t-il dit d’une voix tremblante.

Fitz a du mal le regarder, parce qu’il a dit d’un ton vexé :

       - Jamais je ne lui aurait fait du mal. C’est ma petite amie.

       - Je ne crois pas, non. Qui te dit que pour penser à autre chose, elle sort maintenant avec Tam ? a répliqué Fitz.

Ça allait partir en sucettes. Je le sentais à plein nez.

       - Elle n’aurait jamais… Tu plaisantes… a murmuré Keefe, éberlué, en reculant.

       - J’ai l’air de plaisanter ? s’est enquis Fitz.

       - Fitz, stop, je l’ai coupé en lui jetant un regard noir.

Keefe a eu l’air débarrassé d’un poids. À l’évidence, il s’était posé la question.

       - Tu vois ? Tu t’en fiches complètement qu’elle soit blessée ou pas. Tu veux juste que Tam ne soit pas meilleur que toi !

       - Tu dis n’importe quoi ! a vociféré Keefe.

Et soudain, il a reculé de deux pas, comme frappé par la foudre.

***

(Pdv Keefe)

Wylie murmurant mon prénom. Du sang coagulé, des crevasses et des cratères sanglants, partout sur son corps. Wylie qui pleure. Wylie qui ri. Wylie en colère. Wylie, Wylie, Wylie, Wylie… J’ouvre les yeux. Je suis par terre, sur de la peau de selkie liquéfiée. Dégueu. Sophie est agenouillée près de moi, Fitz en retrait.

       - C’est toi qui as fait ça ? ai-je demandé, en colère.

       - Il le fallait. Il faut que tu te rendes compte de l’impact de ton départ sur nous, et en particulier sur Wylie.

       - Je fais tout ça pour elle, ai-je craché en me levant.

       - Je ne crois pas qu’elle le voit comme ça ! Tout ça, c’est de ta faute ! Tu n’es vraiment qu’un…

Il n’a pas eu le temps de finir qu’il avait reçu mon poing dans la figure.

       - Tu as toujours choisi la facilité. Je prends de risques pour ceux que j’aime, pour celle que j’aime. Tu ne pourrais pas faire la même chose pour Foster, et tu le sais aussi bien que moi.

Fitz a viré teint cramoisi. Foster a rougi encore plus violemment.

       - Viens, Sophie, on y…

       - Non, on doit parler. Vraiment.

***

Wylie était endormie, habillée d’un short et d’une brassière pour ne pas frotter ses blessures. Sa tête sur sa main, le drap qui la couvrait se levait et s’abaissai au rythme de sa respiration. Elle ne pouvait pas me voir. Même si je la réveillais, elle ne verrait personne. Je suis comme… un fantôme. Grâce au dissimuleur, je peux être dans un endroit sans l’être, vous me suivez ? Je me suis approché d’elle. Ses cicatrices… Partiront-t-elle un jour ?  Je me suis penché vers elle. Ai déposé mes lèvres sur les siennes. Ai senti son odeur, un mélange de lavande et de miel. Lui ai caressé la joue. L’ai embrassé à nouveau. Je pouvais sentir ses lèvres, mais elle ne pouvait pas sentir les miennes. Comme si j’étais un fantôme. Mes yeux se sont emplis de larmes.

       - Je suis tellement désolé, ai-je soufflé dans son oreille.

Et j’ai pleuré. Comme je n’avais jamais pleuré. Pleuré pour elle, pour sa mère, son père, pour Kenric, pour tous ceux qu’elle avait perdus. Ils l’avaient tous protégés. Je devais faire de même. C’était une promesse. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que, aussi gnangnan que cela puisse paraitre, c’était la femme de ma vie. J’en suis certain.

[Le lendemain] (Pdv Wylie)

Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu tout flou. Mais pas dans le sens quand on est encore à moitié endormi. Non, là, c’était vraiment flou. Comme pour les humains. C’était étrange. J’ai deviné grâce à leur silhouette la présence de Tam, Linh, Médoc et Forkle. 

       - Euh… les gars… je crois que j’ai un problème…

       - Qu’est-ce qu’il se passe ? m’a demandé Linh en m’aidant à me redresser.

       - Je vois… tout flou… comme les humains, je crois…

       - Avale ça, tu te sentiras mieux après, m’a dit Médoc en me tendant un flacon.

Je l’ai pris à tâtons.

       - Ça va mieux ?

       - Oui, mais je vois toujours flou.

       - Étrange, a marmonné Médoc. Prends… celui-là ! a-t-elle dit en me tendant un autre flacon.

Je l’ai bu, sans résultat.

       - Je reviens, annonça Médoc en quittant la pièce.

Après qu’elle soit partie, j’ai tout raconté puis ai conclu :

       - Il a une chose qui cloche : ils ne m’ont rien demandé sur Papa ou sur nos recherches, juste sur Maman. Ils ont demandé de quelle façon elle était morte, et c’est là que m’est revenu le souvenir, le vrai. Quel est le rapport avec eux ? Maman ne faisait même pas partie du Cygne Noi…, me suis-je arrêtée après avoir croisé le regard de Forkle. Ne va pas me dire que…

       - Wylie…, a-t-il commencé.

Je bouillonnais littéralement de colère. C’est alors qu’il d’est passé un truc super bizarre. Ether a écarté ses ailes et a tellement brillé que j’ai dut me couvrir les yeux. Quand je les ai rouverts, j’ai vu une forme noire grimper sur mon lit.

       - Ça alors ! a soufflé Tam.

       - C’est… il s’est passé quoi, là ? Parce que je vois toujours flou, je vous signale !

C’est à ce moment-là que Médoc arrive, un objet scintillant à la main.  

       - Qu’est-ce que c’est ?

       - Des lunettes.

       - Tu crois vraiment que ça va marcher alors que ton antidote n’a pas fonctionné, lui ?

       - Qui ne tente rien n’a rien. Mais qu’est-ce que… Pourquoi il y a un louveteau sur ce lit ?

       - Mais qui va me mettre ces foutues lunettes pour que je vois clair, bon sang ?

Tam a pris les lunettes et me les a posées sur le nez. Je ne sais pas ce qui m’a le plus étonnée : qu’il y ai louveteau noir aux yeux violets sur mon lit ou qu’un

gadget humain ai réussi à me faire recouvrer la vue.

       - C’est… Ether ? ai-je demandé.

Pour toute réponse, le louveteau m’a léché la main et a jappé de bonheur.

       - Alors Ether est un phénix mystique en plus d’être un phénix nocturne ? s’est étonné Tam.

       - Apparemment, a marmonné Forkle avant de se glisser discrètement vers la porte.

       - Non non non non, toi, tu restes ici, ai-je dit en me levant.

Quand j’écris me levant, ce n’est pas tout à fait exact. J’ai posé les pieds par terre, et mes jambes m’ont tout de suite fait défaut. Sans l’intervention de Tam, je me serais écrabouillée le nez par terre. Médoc a froncé les sourcils.

       - Le tonic n’a pas vraiment l’air de marcher, a-t-elle fait remarquer.

       - Non, Forkle, cette conversation n’est pas finie ! ai-je vociféré en m’adressant à la porte.

Tam a passé un bras autour de ma taille et m’a posé sur le lit. J’ai eu une soudaine envie de vomir, et ai retenu un haut-le-cœur.

       - Ça va ? m’a demandé Linh, inquiète.

       - J’ai envie de vomir, ai-je dit d’une voix pâteuse.

       - Vas-y, fais-toi plaisir, a plaisanté Tam en me tendant un bac.

       - Très drôle, ai-je râlé.

Partie 6 :[]

     - J’ai l’impression qu’on est en… Écosse, a dit Wylie en désignant le paysage verdoyant.

       - Je crois que tu as raison, a approuvé Sophie.

Grâce (ou à cause) de Tam, (ce qui est encore à voir) nous avions atterri dans les ruines qui semblaient être de celles d’un ancien château après qu’on ai trouvé une ancienne planque des Invisibles dans la Tour d’Argent.

       - Oh, tiens, mais qui voilà, a soufflé une voix malheureusement familière derrière vous.

Nous avons tous fait volteface. Immédiatement, Wylie a formé une balle d’ombre dans sa main.

       - Quel plaisir de vous voir, Mlle Endal. Vous avez l’air en forme. Comment vont vos cicatrices ? a demandé une autre voix, appartenant à Brant.

       - Montres-vous, bande de lâches, a-t-elle craché.

       - Si vous y tenez.

Nous avons entendu un bruit de drap qu’on prenait, et nous avons découvert avec horreur et désespoir les personnes en face de nous.

       - Keefe ? a murmuré Wylie, l’air aussi désemparée que

notre ami.

Brant créa une sphère de feu et l’a mis sous la gorge de Keefe.

       - Trop longtemps, Wylie, nous nous sommes raccrochés au passé, tu ne crois pas ? Ton père, Jolie… Et Keefe fait maintenant partie lui aussi du passé, parce que jamais il ne reviendra…  a-t-il susurré en passant sa langue sur ses dents. Alvar, son blason !

Mon frère est apparu immédiatement devant nous et a arraché la cape de Wylie. Brant l’a plongé dans les flammes et l’a ressorti.

       - Bien, alors voilà où nous en sommes. Soit tu viens avec nous, et ton petit ami ne joue plus les agents doubles, soit il meurt. Alors ? demanda-t-il en appliquant le blason des Endal sur le dos de la main de Keefe, qui hurla, les dents serrées et les larmes aux yeux.

Wylie semblait sur le point de fondre en larme et en même temps de paraitre sur le point d’exploser. Elle a inspiré profondément et a avancé vers eux. Tam a saisi son poignet de notre amie. Elle a fait volteface et a planté son regard dans le sien.

       - Ne fait pas ça, a-t-il supplié.

       - Tu ferais la même chose pour Linh, a-t-elle répliqué à voix basse.

       - Ce n’est pas ton frère, a-t-il dit sur le même ton.

       - Tu sais ce que je veux dire, a-t-elle murmuré en l’enlaçant.

Elle a parcouru la distance qui la séparait avec nos ennemis. Ruy a sorti une seringue et l’a planté dans l’épaule de notre amie et a appuyé sur le piston. Wylie s’est recroquevillée sur elle-même et ses yeux se sont révulsés.

       - Wylie ! a crié Keefe en se débattant, sans succès.

Notre amie a commencé à avoir une violente toux, et du sang est sorti de sa bouche. Nous étions tous horrifiés, mais incapables de faire le moindre geste. Keefe tremblait tellement fort que j’ai cru qu’il allait s’effondrer.

       - Maintenant ! a hurlé Tam.

Sophie a déchainé toute la puissance de son instillation et tout a viré au noir.

***

(Pdv Tam)

Quand je me suis réveillé, tout m’est revenu en tête : Keefe, Wylie, Ruy, Alvar, Brant, Sophie, Fitz, Ecosse, blason, brulures et instillation. Bon, O.K., pas en clair, d’accord, mais c’était déjà ça. J’ai rampé jusqu’à Wylie et l’ai ramenée vers moi. J’ai regardé autour de moi. Sophie, Fitz et Celui-Dont-Je-Ne-Prononcerai-Pas-Le-Nom se sont réveillés. Vous-Savez-Qui s’est précipité vers moi et m’a arraché Wylie des bras.

       - Wylie ? S’il te plait, réveille-toi…

       - Elle va bien, ne t’inquiètes pas, ai-je tenté de le rassurer.

Il m’a complètement ignoré.

       - Je suis tellement désolé, Wylie…

       - Keefe, ça va aller, j’ai vérifié son pouls et tout va bien…

Il m’a regardé comme si c’était la première fois qu’il me voyait. Il a dégluti et a acquiescé lentement, sans pour autant desserrer son emprise sur Wylie.

       - Tout va bien se passer, a assuré Sophie. Tout est fini. On a trois Invisibles neutralisés et ligotés, et tu vas pouvoir rentrer avec nous.

       - Non, je… je ne peux pas.

Après une longue discussion, nous avons décidé (et non sans regret mais sans Wylie, toujours évanouie) de laisser Vous-Savez-Qui repartir avec Alvar avec le cristal de saut à Alluveterre. J’ai soulevé Wylie pendant qu’IL a hissé Alvar sur ses épaules.

       - Ne… dites-lui que je…

       - On lui dira, Grassecoiffe, ai-je assuré pour lui enlever la peine de dire ce qu’il a avait à dire.

Il a ravalé ses larmes et a sauté.

***

       - Voilà qui devrait la réveiller, a dit une voix masculine avant que je sente un liquide descendre dans ma gorge.

J’ai ouvert les yeux et les ai immédiatement refermés à cause de la lumière.

       - Comment est-ce que tu te sens ? a demandé Elwin.

       - J’ai… besoin de… mes lunettes.

La personne qui me tenait redressée me les a mises sur les yeux.

       - Kee… Keefe ?

       - Non, c’est Tam.

Ma gorge s’est serrée. J’ai senti les larmes me monter aux yeux.

       - Mais il… il était… ils auraient dut m’emmener et le laisser, non ?

       - On a réussi à leur échapper. On a capturé Brant et Ruy.

       - Mais et Keefe ? Il… il va bien ?

       - Oui, ne t’inquiète pas.

Soulagée par cette affirmation, j’ai laissé les ténèbres m’engloutir à nouveau, exténuée.

Partie 7 :[]

       - C’est hors de question, a dit fermement Forkle.

Je me suis redressée, ai mis mes lunettes sur mon nez et ai regardé à travers la porte. Le Conseil EN ENTIER était là, devant MA porte. Je me suis levée, et ai ouvert la porte.

       - Qu’est-ce qui est hors de question ? ai-je demandé.

J’étais moi-même surprise de ce que je venais de faire. J’étais en brassière et en short devant le Conseil. LE CONSEIL !!!

       - Mademoiselle Endal, nous aurions besoin de vous pour le sommet de la paix, a déclaré impérieusement Emery.

       - Pour quoi faire ?

       - M. Forkle et Mlle Foster vont être présents ainsi que Madame Ruewen. Et nous pensons que vous préfèreriez être présente en cas… d’accident.

       - Si c’est vous qui vous en occupez, je ne vois pas pourquoi je serai inquiète, ai-je ironisé. Et si je dois être présente, il me faudra un accompagnateur, pas vrai ?

       - Oui, tout dépend de qui vous parlez, a concédé Bronte. Mais cette question veut-elle dire que vous acceptez ?

       - Ne pensez pas que si j’accepte, cela signifie que je vous ai pardonné, c’est clair ?

       - Très clair. Qui sera votre accompagnateur ?

       - Médoc, l’équivalent d’Elwin pour le Cygne Noir. Elle portera un masque, j’espère que ça ne vous dérange pas, ai-je dit en esquissant un sourire.

Emery a serré les dents mais a répondu d’une voix faussement aimable :

       - Non, ce sera avec plaisir.

       - Très bien.

       - Cinq de nos gobelins viendront vous prendre, avec M. Forkle, Madame Ruewen, Mlle Foster et Madame… Médoc à 17h00 précises.

       - Pas la peine de gaspiller un gobelin pour moi, je peux en tuer trois d’un seul mouvement de bras, ai-je ricané avant d’éclater de rire devant leurs mines effarées. Oh, ne me regarde pas comme ça, ai-je soupiré à Forkle quand le Conseil est parti. Tu sais que ça vaut mieux pour tout le monde.

       - J’imagine que ça ne sert à rien de te changer d’avis... a-t-il maugréé en se pinçant l’arête du nez.

       - Là, je suis vexée. Tu me connais plus longtemps que quiconque et tu me demandes si ça sert à quelque chose de me faire changer d’avis ? ai-je demandé en plissant le nez.

Forkle a éclaté de rire, comme toujours quand je faisais ça.

       - Ne fait rien d’insensé, là-bas, d’accord ?

       - Tu vas être avec moi, non ?

       - Mais je suis sûr que tu réussiras à me fausser compagnie, a-t-il dit en esquissant un sourire.

       - Tu vois quand tu veux ! me suis-je exclamée en lui rendant son sourire.

On a à nouveau éclaté de rire.

***

       - WYLIE ? WYLIE ! WYLIE !!! Oh, non…

Je me suis agenouillé devant Wylie et l’ai secouée légèrement, avant de constater avec effroi que ses jambes étaient coincées sous un rocher. Wylie a ouvert les yeux et a gémit de douleur.

       - Wylie, ça va aller, ne bouge pas…

J’ai poussé de toutes mes forces le rocher et l’ai fait rouler sur le côté. Wylie a grimacé en serrant les dents et s’est redressée en tâtant autour d’elle.

       - Qu’est-ce que tu cherches ? ai-je demandé.

       - Si tu n’étais pas parti, tu le saurais, a-t-elle dit d’une voix pâteuse mais tranchante en mettant des lunettes argentées, rondes et fines sur le nez.  Mais… Livvy !

Elle s’est levée précipitamment et a regardé autour d’elle, avant de s’écrouler au sol.

       - Je crois que j’ai la jambe cassée, a-t-elle dit en serrant les dents.

       - Je vais te porter, ai-je dit en passant mes bras sous elle.

Elle s’est dégagée précipitamment.

       - J’ai réussi à me débrouiller seule sans toi pendant six mois, alors je crois que je vais y arriver, a-t-elle répliqué.

Elle a à nouveau serré la mâchoire, s’est relevée avant de se raccrocher à moi pour ne pas tomber.

       - Wylie, je sais que tu dois surement me détester, mais laisse-moi t’aider et retrouver… Livvy… ?

       - C’est Médoc, espèce d’abruti ! s’est-elle énervée. Tu m’aides, et tu dégages, c’est clair ?

J’ai acquiescé et ai passé un bras autour de sa taille et l’ai sentie frémir. C’était la première fois qu’on était si proche depuis que j’étais parti.

       - Elle doit être là-bas, ai-je dit en désignant notre gauche.

Après environ trois cents mètres, il a fallu gravir des escaliers en ruines. J’ai soulevé Wylie et ai lévité jusqu’à l’étage. C’est là qu’on est tombés face à face avec Brant.

***

       - Pile en face de la fille que je rêve de tuer ! s’est exclamé Brant en passant sa langue sur ses dents sales.

Je me suis détachée de Keefe et me suis redressée.

       - L’avantage, c’est que tu es plus faible qu’avant. Ça va me simplifier la tâche, a-t-il ricané avant de créer une énorme sphère de feu qu’il a lancé droit sur Keefe.

       - NON !

Je me suis jetée sur Keefe et l’ai plaqué à terre, juste à temps car la sphère a frôlé mes cheveux.

       - Tu vas mourir ! a vociféré Brant en créant une autre sphère.

C’est à ce moment-là qu’un gros pan de plafond s’est détaché. Je me suis relevée à toute vitesse et ai formé une balle d’ombre qui a propulsé Brant sous la pierre en chute libre. Au moment où la roche est tombée, Brant a poussé un hurlement, suivi d’un horrible craquement. J’ai toussé à cause de la poussière et ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts, la poussière s’était dissipée et la douleur à ma jambe a repris le dessus et m’a arraché un cri. Je me suis effondrée au sol. Keefe a accouru vers moi et m’a aidée à me lever.

       - Merci, a-t-il murmuré.

Je n’ai rien répondu, pour deux raisons : de une, il n’y avait rien à répondre, et de deux, j’avais entendu quelqu’un.

       - S’il vous plait ! Aidez-nous !

       - Oralie ?

       - Wylie, ici !

On a suivi la voix d’Oralie le plus vite possible. Quand on est arrivé, j’ai failli m’évanouir.

       - Forkle !

Du sang, partout. Forkle était en train de mourir.

Advertisement